es patrons de PME ont entamé leur semaine de mobilisation contre les contraintes qui «étouffent les entreprises» par une manifestation parisienne.
Masques blancs sur le visage, chasubles jaune fluo sur le dos, ils sont quelques milliers, ce lundi matin, place Félix-Eboué, dans le quartier parisien de Daumesnil, à s’être donné rendez-vous pour une manifestation aussi rare qu’étonnante… de petits patrons. Un rassemblement organisé par la Confédération des petites et moyennes entreprises (CGPME), et qui ouvre la semaine de protestation du patronat contre les contraintes qui «étouffent» les entreprises.
Tel un cortège cégétiste, le groupe s’élance alors en direction de Bercy, au rythme des cornes de brume, des pétards, sifflets et autres slogans scandés à l’invitation des mégaphones. Au premier rang desquels : «Libérez nos entreprises !», «La coupe est pleine, il faut qu’on nous comprenne» et «Les emplois, c’est nous !». Sous un froid de canard, ils dénoncent la politique gouvernementale qui, selon eux, «cadenasse» leurs activités. De Marisol Touraine, ministre de la Santé, et ses paquets de cigarettes «neutres», qui «tue les buralistes», à Emmanuel Macron, ministre de l’Economie, coupable de «séquestrer l’entreprise» et sa «liberté».
Les groupes sont le plus souvent formés par secteurs d’activité : bâtiment, transport, automobile… (plus de 50 fédérations professionnelles, d’après Jean-François Roubaud, président de la CGPME). Ou par origine géographique : Nord, Bretagne, Sud-Ouest, Paca… D’autres manifestants marchent en solitaire et en grelottant. Ainsi, Willy, 42 ans, patron depuis huit ans d’une boucherie au Havre, en Seine-Maritime, qui compte un seul salarié. Il manifeste pour la première fois. Dit travailler six jours sur sept pour environ soixante-dix heures de travail par semaine et 1 000 euros de revenus par mois. «C’est de plus en plus difficile pour les commerces de proximité comme le mien, explique-t-il. Le pouvoir d’achat de la classe moyenne a baissé. Or, ce sont ces personnes qui sont mes clients. Et ils ne comprennent pas la hausse des prix dans la mesure où leurs revenus n’ont pas augmenté.»
En 2013, son chiffre d’affaires a augmenté de 4 000 euros. Résultat, «j’ai payé 1600 euros de RSI [régime social des indépendants, protection sociale obligatoire des chefs d’entreprise, ndlr] en plus, et pour 2015, ce sera 3 600 euros en plus.» Les banques sont aussi dans son collimateur : «Elles ne nous prêtent plus. Du coup, nous n’avons plus de fonds de roulement pour alimenter notre trésorerie.» Bref, «bosser soixante-dix heures pour gagner des clopinettes, c’est pas possible!» Le slogan fait florès. La durée du temps de travail aussi. «L’emploi, c’est nous ! Economisez-nous !», entend-on, quelques décibels plus avant. Puis, dans le rang suivant : «Impôts, taxes, charges : trop, c’est trop !»
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