Les Français seraient-ils retors à l’effort, comme le laissent entendre les mesures visant à stigmatiser les chômeurs ? Et si le nombre de démissions, les chiffres des accidents et des arrêts de travail étaient plutôt le signe de conditions de travail délétères.
Jeté dans une concurrence accrue du fait d’un management personnalisé, évalué et soumis à la culture froide du chiffre, des baisses budgétaires, le travailleur du XXIe siècle est placé sous une pression inédite…
L’étude de 2019 de la Darès (Ministère du Travail) nous apprend que 37% des travailleurs.ses interrogés se disent incapables de poursuivre leur activité jusqu’à la retraite.
Que l’on soit hôtesse de caisse (Laurence) ou magistrat (Jean-Pierre), tous témoignent de la dégradation de leurs conditions de travail et de l’impact que ces dégradations peuvent avoir sur notre santé comme l’explique le psychanalyste Christophe Dejours :
“Il n’y a pas de neutralité du travail vis-à-vis de la santé mentale. Grâce au travail, votre identité s’accroît, votre amour de soi s’accroît, votre santé mentale s’accroît, votre résistance à la maladie s’accroît. C’est extraordinaire la santé par le travail. Mais si on vous empêche de faire du travail de qualité, alors là, la chose risque de très mal tourner.”
Pourtant, la quête de sens est plus que jamais au cœur des revendications, particulièrement chez les jeunes. Aussi, plutôt que de parler de la semaine de quatre jours ou de développer une sociabilité contrainte au travail, ne serait-il pas temps d’améliorer son organisation, d’investir dans les métiers du « soin » afin de renforcer le lien social ?
Enfin, la crise environnementale n’est-elle pas l’occasion de réinventer le travail, loin du cycle infernal production/ consommation comme le pense la sociologue Dominique Méda :
“Je crois beaucoup à la reconversion écologique. Il faut prendre au sérieux la contrainte écologique comme moyen à la fois de créer des emplois, comme le montrent les études, mais aussi une possibilité de changer radicalement le travail en profondeur.”
Un documentaire de Stéphane Bonnefoi réalisé par Anne Perez.
Avec :
Danièle Linhart, sociologue du travail et directrice de recherche émérite au CNRS.
Dominique Méda , sociologue, Professeure des universités Paris Dauphine
Thomas Coutrot, Statisticien, économiste et militant associatif, aujourd’hui chercheur associé à l’Ires (Institut de recherches économiques et sociales)
Christophe Dejours , Psychiatre et psychanalyste, professeur au Conservatoire national des arts et métiers (CNAM) où il dirige l’équipe de recherche « Psychodynamique du travail et de l’action ».
et les témoignages de Laurence, aide à domicile et Jean-Pierre Bandiera, ancien président du tribunal correctionnel de Nîmes