Les pratiques de prévention des Risques Psychosociaux sont souvent mal comprises. Cette confusion est en partie entretenue par certains cabinets de conseil qui prônent des approches basées sur le « changement comportemental »
Par Jean-Claude Delgenes, août 2024.
Un malaise professionnel généralisé
Les conditions de travail en France se détériorent. Les conséquences sont évidentes. Le coût de cette dégradation est estimé à au moins 3 milliards d’euros par an. Ce chiffre reste imprécis, mais les preuves sont là.
En 2022, 108 000 pathologies psychiques d’origine professionnelle ont été recensées et enregistré et 28 000 accidents du travail sont liés à la même origine psychique, 2,5 millions de salariés en CDI ont démissionné. Ces chiffres révèlent un malaise professionnel généralisé.
Si le télétravail a apporté une amélioration, il ne résout pas tous les problèmes d’autant que se mettent en place en corrélation des logiques de Flex Office très coûteuses sur le plan des conditions de travail.
Les entreprises sont de plus en plus conscientes des coûts des risques psychosociaux (RPS). Elles cherchent à les prévenir. Les dérives, comme celles observées chez Orpea, ne sont plus tolérées par les analystes financiers. Des démarches de responsabilité sociale des entreprises (RSE) commencent à se mettre en place, même si elles restent encore peu contraignantes. Toutefois, ces contraintes vont s’accentuer dans les années à venir.
Babyfoot, yoga, méditation et massages… Des réponses peu pertinentes face aux Risques Psychosociaux
Pour anticiper ces évolutions, certains employeurs choisissent d’acquérir des labels très discutables, censés démontrer un bon climat de travail. Ces labels visent à donner une image positive de l’entreprise aux analystes financiers et aux observateurs extérieurs.
Les responsables des ressources humaines y voient un moyen d’améliorer l’image de l’entreprise et de se valoriser auprès de leur hiérarchie. Cependant, ces labels représentent une forme subtile de déni qui détourne l’attention des vraies difficultés de la prévention.
On peut supposer qu’une entreprise qui se vante de posséder de tels labels évite ainsi un véritable travail de fond en matière de prévention, qui exige un dialogue continu avec les représentants du personnel et les services de santé au travail, lesquels ne sont pas dupes de ces artifices qui sont d’ailleurs de plus en plus contestés par les organisations syndicales.
En plus de ces démarches superficielles, de nombreuses entreprises adoptent des solutions tout aussi superficielles. Le babyfoot, les séances de yoga, la méditation ou encore les massages sont devenus courants.
Ces initiatives peuvent offrir un bien-être temporaire. Jouer au babyfoot peut être plaisant, mais ces activités ne s’attaquent pas aux véritables causes des RPS.
La création de postes comme celui de Chief Happiness Officer en est un autre exemple. Bien que ces initiatives partent d’une bonne intention, elles restent éloignées des enjeux réels.
Plusieurs études européennes confirment cette dégradation des conditions de travail, comme nous le verrons dans un prochain article. Elles remettent en question la pertinence des réponses apportées par les dirigeants. Ces études soulèvent également des questions sur le respect des obligations légales. Le Code du Travail et le Code Pénal imposent des devoirs stricts aux employeurs, notamment en matière de santé et de sécurité au travail. En cas de manquement, leur responsabilité civile, voire pénale, peut être engagée, les exposant à des poursuites pour faute inexcusable (articles L 452-1 et suivants du Code de la Sécurité Sociale).
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