Danièle LINHART est Sociologue, directrice de recherches émérite au CNRS, membre du réseau Souffrance & Travail
Ses domaines de recherche
- Modernisation des entreprises
- Stratégies managériales
- Évolution du travail
- Nouvelles formes de mobilisation des salariés
- La place du travail dans la société
Quelques publications de Danièle Linhart
L’insoutenable subordination des salariés
Une lecture sociologique des innovations managériales en cours, qui tendent à faire oublier les véritables objectifs des employeurs : continuer à mettre en œuvre la subordination des salariés, seule garantie de leur exploitation « légitime ».
Les salariés sont pris dans un dilemme qui les met en grande vulnérabilité. Au-delà du besoin financier qui les tient, et malgré les contraintes permanentes qu’impose la subordination inscrite dans leur statut, ils ont pour leur travail de réelles aspirations en termes de sens, d’utilité sociale, d’identité professionnelle et citoyenne.
Cette situation permet aux directions d’entreprise d’asseoir et de pérenniser leur emprise sur leurs salariés, de façon de plus en plus savante et sophistiquée. En stimulant et exacerbant les désirs qui sous-tendent leur rapport au travail, elles parviennent à imposer de nouvelles méthodes d’organisation et d’implication des salariés, toujours plus déstabilisantes et délétères.
Danièle Linhart décrypte la capacité patronale à faire renaître, sans cesse, sa domination, afin de préserver, voire sublimer, un lien de subordination qui devient de plus en plus personnalisé et intrusif, et qui compromet toute capacité collective des salariés à s’emparer des véritables enjeux du travail. Des DRH « bienveillantes » et préoccupées du « bonheur » de leurs salariés aux « entreprises libérées » par leur leader, en passant par l’esprit start-up et l’offre éthique, l’auteure analyse tous ces faux-semblants des innovations managériales qui paralysent l’intelligence collective.
L’insoutenable subordination des salariés, Érès, Collection : Sociologie clinique, 2021
La comédie humaine du travail. De la déshumanisation taylorienne à la sur-humanisation managériale
Avec Taylor, le « père » de l’organisation scientifique du travail, les ouvriers devenaient un rouage passif, astreint à une stricte conformité aux consignes et modes opératoires. Leur travail devait se dérouler indépendamment de leur état d’esprit, de leurs états d’âme et de leurs savoirs.
Le management moderne semble aux antipodes d’une telle orientation. Il clame sa volonté de reconnaître la dimension humaine des salariés, mise sur leur subjectivité, leur personnalité et tend à « psychologiser » les rapports de travail.
Pourtant Danièle Linhart soutient que la logique reste la même : dans les deux cas, s’organise en réalité une disqualification des métiers, de la professionnalité, de l’expérience qui tend à renforcer la domination et le contrôle exercés par les dirigeants. Le résultat est le même: un travail qui perd son sens, qui épuise. Pire encore, le travail moderne précarise subjectivement les salariés, qui, constamment mis à l’épreuve, sont conduits à douter de leur propre valeur et légitimité.
En rapprochant Taylor des managers modernes, l’auteur questionne cette idéologie qui prend de plus en plus de place dans la réalité du travail telle qu’elle se dégage à travers ses propres enquêtes et celles des spécialistes en sciences sociales du travail.
Cet ouvrage a reçu le Prix de l’Écrit Social 2015.
La comédie humaine du travail. De la déshumanisation taylorienne à la sur-humanisation managériale, Érès, Collection : Sociologie clinique, 2019 (2de édition)
Pourquoi travaillons-nous ? Une approche sociologique de la subjectivité au travail
Avec la participation de Isabelle BERTAUX-WIAME, José CALDERON, Hélène CARTERON, Annie DUSSUET Sabine FORTINO, Fabrice GUILBAUD, Brahim LABARI, Sacha LEDUC, Jean-Philippe MELCHIOR
Pourquoi travaillons-nous ? Qu’est-ce que les salariés investissent d’eux-mêmes au travail ? Pour quelles raisons et selon quelles modalités ? La question que pose cet ouvrage est un enjeu central dans la compréhension du monde actuel, le phénomène des suicides au travail venant nous en rappeler régulièrement les aspects inquiétants.
À partir de dix enquêtes de terrain, les auteurs proposent une analyse de l’engagement subjectif au travail dont le management entend faire, aujourd’hui, un outil de performance. Loin d’être une simple forme d’adhésion ou de subordination aux objectifs de leur entreprise, loin de se limiter à une seule aventure personnelle liée à une biographie particulière, l’implication subjective au travail traduit aussi un engagement envers la société qui autorise à parler de subjectivité collective. De quoi est-elle faite ? Comment se manifeste-t-elle ? Comment est-elle investie par le management modernisateur ? Quel impact a-t-elle sur notre société, et quel impact notre société a-t-elle sur son contenu ?
Pourquoi travaillons-nous ? Une approche sociologique de la subjectivité au travail, Érès, Collection : Sociologie clinique, 2010 (2de édition)
Perte d’emploi, perte de soi
Avec la participation de Estelle DURAND, Barbara RIST
En 1996, la fermeture de l’usine Chausson de Creil, programmée dans le secret par la direction dès 1991, a marqué les esprits. Malheureusement, les problèmes soulevés à cette époque se sont amplifiés et généralisés : l’actualité révèle presque tous les jours des licenciements massifs. La réédition de cet ouvrage est donc devenue une évidence qui nous rappelle qu’ « une fermeture ou des licenciements ne constituent pas seulement des faits quantifiables : nombre d’emplois perdus, nombre de personnes reclassées, mises en préretraite, indemnités financières, formations offertes, déménagements éventuels. Ils représentent autant d’épreuves, de ruptures, de traumatismes, de pertes – de repères, d’identité – qui s’effacent derrière les impératifs économiques, financiers, les diktats de la modernisation, les nouvelles règles du jeu de la mondialisation ». D. L.
Cet ouvrage, qui se lit comme un roman, apporte des éléments concrets pour comprendre les transformations objectives et subjectives du monde du travail dominé aujourd’hui par les politiques managériales modernisatrices qui, si elles misent sur l’individualisation à outrance et la mobilisation de la subjectivité des salariés, privilégient les critères économiques et financiers en les déconnectant de leurs incidences humaines.
Perte d’emploi, perte de soi, Érès, Collection : Sociologie clinique, 2009 (2de édition)
Danièle Linhart à la radio (sélection)
Entendez-vous l’éco ?
Télétravail : l’épreuve de confiance
9 décembre 2021, 58 min
Les Chemins de la philosophie
Sommes-nous tous en burn-out ?
19 octobre 2021, 58 min
Le Magazine du week-end
Algérie/Maroc : la rupture ? / Télétravail : un progrès social ?
28 août 2021, 57 min
L’Heure bleue
Anti burn out, Danièle Linhart
8 mars 2021, 53 min
Entendez-vous l’éco ?
Télétravail : l’épreuve de confiance
8 février 2021, 58 min
Le Temps du débat d’été
Télétravail, pour le meilleur ou pour le pire ?
21 août 2020, 43 min
Info
Une société du contrôle ? avec Gaspard Koenig, Sébastien Roché, Charline Vanhoenacker
5 juin 2020
Droit du travail
Le télétravail à la croisée des chemins. Avec James Galbraith, Danièle Linhart, Boris Cyrulnik…
27 mai 2020
L’Invité(e) des Matins d’été
23 décembre 2019, 48 min
Le nouveau rendez-vous
Burn out ou bien être, c’est quoi ce travail ?
11 juin 2019, 43 min
Marché du travail
Cinglés du travail : ivresse ou malaise ?
28 mars 2019
Entendez-vous l’éco ?
16 janvier 2019, 59 min
Emploi – Travail
Danièle Linhart : « Il y a vraiment une volonté de modifier le rapport au travail en France »
18 septembre 2018
Entendez-vous l’éco ?
31 août 2017, 59 min
L’Heure bleue
Nicolas Silhol (film Corporate) et Danièle Linhart, au travail !
1 mai 2017, 45 min
L’Invité(e) des Matins (2ème partie)
Le travail, un avenir en pointillé ? (2ème partie)
13 février 2017, 18 min
L’Invité(e) des Matins d’été
Le travail, un avenir en pointillé ?
13 février 2017, 18 min
… La suite des interventions de Danièle LINHART sur Radio France…
Quelques interventions et articles consultables sur le site Souffrance & Travail
- VIDEO – Préventica : « Le télétravail, une fausse bonne solution », par Danièle Linhart
- VIDEO : Le télétravail, par Danièle LINHART
- VIDÉO Danièle Linhart : « Sans socialisation, le travail perd de sa réalité et devient de plus en plus douloureux »
- France Télécom : Danièle Linhart : « Un cadre m’a dit : “Je suis là pour faire oublier les valeurs de service public” »