Soigner le travail

La chronique philo de Cynthia Fleury publiée le 23 octobre 2024.

Une enquête récente de l’Ifop sur la région Grand-Est, consacrée à la souffrance au travail, a révélé que plus d’un actif sur deux avait déjà expérimenté une telle situation, et ce d’autant plus si l’on est une femme salariée du secteur public.

Tous déplorent un stress maltraitant, un manque de reconnaissance symbolique et pécuniaire, une charge de travail inadaptée. Le sujet est mondial et les ouvrages diagnostiquant le mal-être continuent de se démultiplier.

Thomas Périlleux, dans le Travail à vif. Souffrances professionnelles, consulter pour quoi ? (Ères, 2024), a le mérite de croiser les différentes sciences humaines cliniques du travail : l’analyse psychodynamique (C. Dejours), la clinique de l’activité (Y. Clot), la thérapie institutionnelle (J. Oury) et la clinique sociologique (V. de Gaulejac).

Indépendamment de portraits cliniques de patients très explicites, il revient, dans une bibliographie finale commentée, sur les différents travaux qui nous ont aidés ces dernières décennies à problématiser ce malaise dans la sphère professionnelle : ceux de Marie Pezé, Lise Gaignard, Pascale Molinier, Mireille Cifali, Dominique Lhuillier, Marie-Anne Dujarier, James Suzman, Yves Schwartz, Thomas Coutrot, Luc Boltanski, Herbert Freudenberger, Christina Maslach, Éric Hamraoui, Ana Magnolia Mendès, Bertrand Ogilvie, Danièle Linhart, Jean-Luc Brackelaire…

La liste est immense pour cerner cet appauvrissement du monde de travail qui destitue les métiers en tâches.

Le « sacrifice des valeurs » finit par justifier le « travail bâclé », même si ce dernier peut bénéficier d’une novlangue pour l’invisibiliser.

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