Des milliers de travailleurs victimes de troubles psychiques liés au travail se tournent aujourd’hui vers des consultations spécialisées. Une demande croissante à laquelle celles-ci tentent d’apporter des réponses, dans une démarche souvent pluridisciplinaire.
Un nombre de demandes de rendez-vous qui ne cessent d’augmenter, des collectifs de travail souvent brisés, des patients qui arrivent «grillés»… Un mal toujours systémique. Au sein des consultations en psychopathologie du travail, les patients s’accumulent et les délais s’allongent.
Un tableau qui n’est pas près de s’éclaircir.
La croissance des troubles psychiques liés au travail est confirmée par les données du Réseau national de vigilance et de prévention des pathologies professionnelles (RNV3P) enregistrées entre 2001 et 2017 (voir Repères). Sur cette période, 39,7 % des pathologies diagnostiquées comme en relation avec le travail sont d’ordre psychique. Surtout, le nombre de troubles recensés est passé de 292 en 2001 à 2 747 en 2017. Au sein des 30 centres de consultation de pathologies professionnelles (CCPP) répartis dans l’Hexagone, les troubles psychosociaux et du comportement sont les principaux motifs de prise de rendez-vous.
Première consultation en 1997 de souffrance au travail
Marie Pezé avait anticipé le problème depuis longtemps. En 1997, cette psychologue clinicienne et psychanalyste ouvrait à Nanterre (Hauts-de-Seine) la toute première consultation dédiée à la souffrance au travail. Face à une demande exponentielle, d’autres consultations similaires ont vu le jour : on en dénombre actuellement 200 rassemblées dans le réseau Souffrance et travail, initié par Marie Pezé, pour un total de 1 000 patients suivis par an.
« Les demandes sont en constante augmentation, aucun secteur n’est aujourd’hui épargné, souligne Marie Pezé. Mais on observe des pathologies de plus en plus sévères, dues à des états de stress aigu, tels que des accidents vasculaires cérébraux, des infarctus et des pertes de fonctions cognitives. »
Et la psychanalyste de dresser un terrible constat : « On fabrique de la folie. »
L’intensification, les objectifs inatteignables, le management brutal, le manque de collégialité, la mise au placard…. L’organisation du travail peut engendrer de graves troubles psychiques : anxiété, dépression, stress post-traumatique. Lesquels peuvent s’accompagner d’insomnies mais aussi déboucher sur des atteintes physiques : troubles musculosquelettiques, maladies cardiovasculaires… Autant de motifs qui poussent les travailleurs du secteur privé comme du public à se rendre aux consultations. Une démarche qu’ils ne font pas toujours d’eux-mêmes.
Concernant les CCPP – consultations de pathologies professionnelles -, seuls 6,7 % des salariés ont décidé de s’y rendre de leur propre initiative, selon les données de 2017. La plupart des patients ont été adressés par le médecin du travail (66 %) ou le médecin généraliste (17,9 %).
Des fonctionnements divers
Les différentes consultations coexistent avec des modes de fonctionnement divers, mais beaucoup se veulent pluridisciplinaires, réunissant des psychologues, des juristes, parfois des ergonomes ou des personnes spécialisées dans l’accompagnement de transitions
professionnelles.
C’est le choix fait par Philippe Chétrit, psychologue clinicien et créateur en 2013 de la Maison du travail. « Le premier temps d’analyse des effets du travail sur la santé s’accompagne d’un second temps, s’appuyant sur différents acteurs pour la construction d’une stratégie, que ce soit d’aller vers des procédures juridiques ou non », détaille-t-il. Voyant de plus en plus de patients défiler dans son cabinet pour des questions liées à ce qu’ils vivent au travail, le psychanalyste a décidé de lancer une consultation spécifique après une formation en
psychodynamique du travail auprès des fondateurs de la discipline : Christophe Dejours et Marie Pezé. Depuis une poignée d’années, lui et sa collègue Nadia Tighremt soignent de plus en plus de fonctionnaires de l’Éducation nationale. A la Maison du travail, on facilite les
rencontres collectives afin que les patients prennent conscience que ces maux ne touchent pas une sphère en particulier, et leur enlever le poids de la culpabilité…
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REPÈRES
Les données chiffrées du Réseau national de vigilance et de prévention des pathologies professionnelles (RNV3P) présentées dans l’article sont disponibles au sein d’un rapport de l’Observatoire national du suicide, publié en juin 2020 (Pdf – Voir la fiche 7). Les rapports d’activité plus récents du RNV3P ne mentionnent pas d’éléments précis et exhaustifs sur les motifs de consultation et nombres de pathologies recensées.
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Dès les premiers symptômes de la souffrance au travail, n’hésitez pas à contacter des spécialistes, des psychologues du travail, formés pour vous accompagner !
Vous pouvez dès maintenant chercher sur l’annuaire des consultations spécialisées en souffrance au travail sur notre site.
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