A partir de l’analyse des 795 cas de suicides et tentatives de suicides déclarés dans le cadre du dispositif national de déclaration des événements indésirables graves associés aux soins entre mars 2017 et juin 2021, la HAS publie aujourd’hui [8 septembre 2022] :
- le rapport d’analyse des circonstances et des causes de ces 795 évènements assorti d’enseignements et préconisations aux établissements en vue de réduire leur survenue ;
- un nouveau « Flash sécurité patient », illustré par 4 cas pour sensibiliser les professionnels de santé à la gestion des risques de suicides et tentatives de suicide.
Les suicides et tentatives de suicide occupent par leur nature une position particulière parmi les événements indésirables pouvant survenir lors de la prise en charge d’un patient en établissement de santé ou lors de l’accompagnement d’une personne en structure sociale ou médico-sociale. Par cet acte, la personne se met en effet en danger intentionnellement en vue de mettre fin à une souffrance insoutenable.
Ces événements génèrent souvent un sentiment d’échec et de culpabilité chez les professionnels. Tous les secteurs délivrant des soins sont concernés par la survenue de suicides et tentatives de suicides : les établissements de santé, les institutions médico-sociales et la ville. Aucun secteur n’échappe à ce risque, même si les services de psychiatrie sont les premiers déclarants de suicides et tentatives de suicide.
La nature intentionnelle du geste conduit souvent à considérer la prévention du risque de suicide comme quasi-impossible. Pourtant le suicide est classé de façon universelle dans les morts évitables ou, tout du moins, partiellement évitables. Même si les meilleurs résultats obtenus par les programmes de prévention ne permettront jamais d’éviter tous les suicides, il est établi que la mise en œuvre d’un programme (ou projet) d’établissement, de moyens et de formations et une meilleure connaissance des contextes de survenue des suicides permettent de prévenir ces événements.
Le suicide ou tentative de suicide, un événement sentinelle
Le suicide ou la tentative de suicide d’un patient doit être considéré comme un événement sentinelle[1]. A la fois grave et fréquent au sein des établissements sanitaires et médico-sociaux, il doit, lorsqu’il survient, faire l’objet d’une analyse approfondie par les équipes.
Avec l’analyse des 795 cas qui lui ont été déclarés, la HAS a poursuivi quatre objectifs :
- identifier les circonstances et les causes de ces événements ;
- en tirer des enseignements ;
- proposer des préconisations afin de réduire leur survenue ;
- initier une communication sur ce sujet sensible, notamment par l’illustration de situations concrètes dans le Flash Sécurité Patient.
Tout ceci afin de stimuler une réflexion des professionnels et de l’ensemble des personnels des établissements et structures.
Des préconisations à plusieurs niveaux pour réduire le nombre de suicides et tentatives de suicides
Les trois causes profondes récurrentes identifiées par les équipes dans les déclarations de cas de suicides et tentatives de suicide sont le manque de sécurisation des locaux, l’absence d’évaluation du risque suicidaire et les défauts organisationnels.
Pour y répondre, la HAS rappelle les préconisations qui s’appliquent à tous :
- Définir les objectifs de prévention du suicide au sein de l’établissement (projet ou programme d’établissement).
- Sécuriser l’environnement en limitant notamment l’accès aux moyens possibles de suicide comme :
- les points de fixations et liens pour la pendaison ou la strangulation,
- l’accès aux terrasses, escaliers et fenêtres,
- les sacs plastiques et sacs poubelles pouvant servir d’objet de suffocation,
- les médicaments, objets coupants ou en verre cassable, briquets et sèche-cheveux.
- Évaluer le risque de suicide du patient sur la base de facteurs multidimensionnels comme les antécédents personnels (anciennes tentatives de suicides, addiction en phase de sevrage, dépression, troubles de la personnalité…) ou la survenue d’événements négatifs (perte, conflits, problèmes financiers, dates anniversaires traumatiques, annonce d’un diagnostic ou de soins lourds…).
- Évaluer la situation clinique du patient.
- Construire un plan personnalisé de sécurité quant à l’accès aux moyens de suicide et au parcours du patient dans l’immédiat et dans les jours à venir.
- Savoir gérer l’événement quand il survient (postvention).
- Gérer la sortie d’hospitalisation d’un patient qui a fait une tentative de suicide avec par exemple le dispositif VigilanS.
- Penser aux secondes victimes, les soignants, en les formant, les informant, les accompagnant.
- Améliorer la culture sécurité, notamment par l’utilisation du guide d’évaluation du risque de suicide ou la déclaration des cas.
- Rappeler les droits des personnes malades et en fin de vie.
Ces préconisations sont déclinées par secteur d’activité de façon plus spécifique : établissements de santé mentale (avec des préconisations particulières pour les soins sans consentement et le recours à la chambre d’isolement), établissements Médecine, chirurgie, obstétrique (MCO) et Soins de suite et de réadaptation (SSR), établissements d’hébergement de personnes âgées dépendantes (EHPAD).
En synthèse de ces préconisations, 4 messages-clés sont diffusés via un Flash Sécurité Patient consacré à cette thématique :
- Penser à repérer systématiquement le risque suicidaire;
- Penser à repérer les troubles de l’humeur;
- Penser à informer sur les dispositifs de soutien existants (exemples : VigilanS, SOS Amitié France …);
- Ne pas négliger la postvention (la gestion de l’événement quand il survient).
Retrouvez sur le site internet de la HAS, l’intégralité du rapport et le « Flash sécurité patient » relatifs au suicide.
Contacter le service de presse de la HAS : https://www.has-sante.fr
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[1] Guide pédagogique de l’OMS pour la sécurité des patients – traduction HAS