3,8 % des personnes en situation d’emploi en France déclarent avoir envisagé de se suicider au cours des douze derniers mois.
Dans plus d’un tiers des cas, les conditions de travail et d’emploi sont indiquées comme étant à l’origine de la pensée suicidaire. Le facteur le plus important est la peur de perdre son emploi, suivi par les menaces verbales, les humiliations et les intimidations au travail.
L’enquête a porté sur plus 14.000 personnes âgées de 18 à 75 ans. Les travailleurs indépendants sont plus nombreux (4,32 %) que les salariés (2,85 %) à envisager le suicide. Parmi les femmes, les ouvrières sont plus nombreuses (5,13 %) que les employées (4,84 %). Le pourcentage descend à 3,91 % pour les femmes cadres. Chez les hommes, le pourcentage le plus élevé concerne les artisans, commerçants et chefs d’entreprise (3,56 %), suivis par les agriculteurs (3,49 %) et les ouvriers (3,01 %). Le pourcentage le plus bas concerne les cadres (2,62 %).
En ce qui concerne les secteurs, l’hébergement et la restauration arrivent en tête avec 6,8 % tant pour les hommes que pour les femmes, suivis par les arts et les spectacles, l’enseignement, la santé humaine et l’action sociale.
La corrélation avec la place occupée dans la hiérarchie sociale apparaît de manière très forte : les salariés percevant moins de 1.500 euros par mois sont presque deux fois plus exposés aux pensées suicidaires que ceux qui disposent d’un revenu supérieur.
D’autres événements viennent rappeler que les pensées suicidaires débouchent parfois sur des passages à l’acte. Le 22 avril, le quotidien Le Monde affichait à la Une « Suicides dans la police : l’état d’urgence ». Il dénombrait 28 suicides dans la police depuis le début de l’année. Les chiffres récents indiquent une aggravation marquée de la situation. D’après le chercheur Sébastien Roché (Centre national de la recherche scientifique ), les autorités ne mènent aucune enquête systématique sur les causes de ce phénomène : « Il y a un défaut de volonté de comprendre », estime le chercheur. Une hypothèse peut être la montée des tensions avec la population avec le rôle joué par la police dans la répression du mouvement des Gilets Jaunes.
De son côté, l’union syndicale Solidaires a lancé une campagne en avril qui passera notamment par l’établissement d’une carte géographique des suicides au travail. Cette carte sera créée par les militants syndicaux qui rapporteront les cas de suicide.
Références :
- P. Delèzire, V. Gigonzac et al., Pensées suicidaires dans la population active occupée en France en 2017, BEH, n°3-4, 5 février 2019
- Le Monde, Suicides dans la police : l’état d’urgence, 22-23 avril 2019
- SUD-Solidaires
Via le site www.etui.org