La Poste condamnée pour faute inexcusable après le suicide d’un de ses salariés

29 novembre 2021 | Suicide Au Travail

Le salarié avait dû continuer à travailler alors qu’il était en burn out. La procédure aura duré sept ans.

L’histoire de Nicolas Choffel, ce cadre de La Poste qui a mis fin à ses jours en février 2013, est un comble du paradoxe. Nicolas Choffel travaillait pour les médias internes du groupe. En 2012, après deux suicides à La Poste, l’entreprise décide de lancer une grande opération de communication interne. La charge de travail de Nicolas Choffel explose. Il doit réaliser un hors-série de soixante pages sur le sujet. Du coup, il ne prend pas de congés d’été. En cinq mois, selon sa veuve, il perd dix-huit kilos. Lui qui n’encadrait qu’une seule personne en a désormais six sous sa responsabilité. Alors même qu’un cabinet d’évaluation avec mis en évidence chez Nicolas Choffel des faiblesses sur le plan du management. Le cabinet recommande qu’il soit accompagné. Or il sera laissé seul et, à la suite de plusieurs départs dans le service, il cumule trois postes à lui tout seul.

En janvier 2013, il déclare un burn out. Il est en arrêt maladie à son domicile et celui qui devait s’occuper de communiquer autour du suicide dans l’entreprise continue à recevoir des mails, des appels et des sms de sa direction « parfois plusieurs fois dans la journée », comme l’a relevé l’inspection du Travail. La Poste conteste et affirme que c’était pour prendre de ses nouvelles. Trois semaines plus tard, il met fin à ses jours.

La faute inexcusable de La Poste

Au terme d’une procédure de sept ans, pendant laquelle la veuve du cadre, Ilma Choffel, aura remué ciel et terre, La Poste est condamnée pour faute inexcusable.

La faute inexcusable de l’employeur est reconnue quand celui-ci avait conscience, ou aurait dû avoir conscience, que les conditions de travail de son employé présentaient un danger pour sa santé physique ou psychique, et qu’il n’a rien fait ou pas suffisamment pour y remédier. Concrètement, cela permet à la victime, ou à ses ayant-droits, d’obtenir une majoration de sa rente et la réparation réelle des préjudices subis. Une décision qui a un véritable coût pour l’employeur et qui lui assure également une bien mauvaise publicité.

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