Les juges d’instruction ont ordonné un procès pour « harcèlement moral » contre France Telecom et son ancien PDG, Didier Lombard, dans l’affaire de la vague de suicides de salariés au sein de l’entreprise à la fin des années 2000.
Comme l’avait réclamé le parquet de Paris, les juges d’instruction ont ordonné un procès pour « harcèlement moral » contre France Telecom et son ancien PDG Didier Lombard dans l’affaire de la vague de suicides de salariés au sein de l’entreprise à la fin des années 2000, a appris l’AFP vendredi de source proche du dossier.
Première affaire de harcèlement moral institutionnalisé devant la justice
Au côté de l’ex-patron de France Telecom, devenu Orange, six autres dirigeants et cadres sont renvoyés devant le tribunal correctionnel de Paris, dont quatre pour « complicité » de harcèlement moral au travail, selon l’ordonnance des juges datée du 12 juin. Il s’agit de la première affaire de harcèlement moral institutionnalisé qu’aura à trancher le tribunal, neuf ans après les premières plaintes.
Frappée par une épidémie de suicides en 2008 et 2009, France Telecom a été la première entreprise du CAC 40 mise en examen pour harcèlement moral.
39 victimes retenues dans dossier
« Incitations répétées au départ », mobilités « forcées », missions « dévalorisantes », « isolement »: dans leur ordonnance de plus de 650 pages, les juges ont retenu une longue liste de pratiques répétées qui constituent selon eux, « une politique d’entreprise visant à déstabiliser les salariés » et « à créer un climat professionnel anxiogène ».
La procédure judiciaire avait retenu le cas de trente-neuf salariés: dix-neuf se sont suicidés, douze ont tenté de le faire, et huit ont subi un épisode de dépression ou un arrêt de travail.
A l’époque engagé dans le délicat virage de la privatisation et des nouvelles technologies, le groupe voulait supprimer 22.000 postes entre 2006 et 2008 et procéder à 10.000 changements de métier, dans le cadre d’un plan de réorganisation baptisé NEXT.
La CFE-CGC, partie civile, « se félicite »
Dans un communiqué publié vendredi, le syndicat CFE-CGC, partie civile, « se félicite de cette décision » mais « regrette cependant que le chef d’homicide involontaire n’ait pas été retenu » par les juges.
« La responsabilité morale des sept prévenus dans la crise sociale et ses conséquences les plus tragiques, les suicides de nos collègues, est avérée », souligne le syndicat. « Il appartient désormais à la justice de se prononcer sur leur responsabilité pénale. »
Via le site www.francebleu.fr