35 heures, hausses de salaire : comment se situe la France ?
Les Français travaillent-ils moins que les autres ?
Sans être les cancres de l’Union européenne, les salariés français figurent plutôt en queue de peloton. Depuis l’entrée en vigueur de la loi Aubry, en 2002, le temps de travail légal est de 35 heures hebdomadaires, soit la durée la plus faible de l’UE. Mais cela ne veut pas dire que les Français travaillent 35 heures: cette durée légale n’est qu’une référence au-delà de laquelle les entreprises peuvent recourir aux heures supplémentaires. En réalité, les salariés français titulaires d’un contrat à temps plein travaillent en moyenne 39,2 heures par semaine, bien loin derrière les champions européens de la durée du travail que sont les Britanniques (42,4 heures de travail hebdomadaires), mais devant les Danois, les Italiens, les Néerlandais, les Irlandais et les Finlandais.
En comptabilisant l’ensemble des personnes qui travaillent en France et sur l’ensemble de l’année, l’Hexagone tire de surcroît un peu mieux son épingle du jeu. La France double l’Allemagne et les Pays-Bas grâce à ses travailleurs indépendants, particulièrement laborieux (ils arrivent en 3e position pour le temps de travail en Europe, avec près de 52 heures de travail déclarées par semaine), et à son faible taux de salariés à temps partiel (18,4% contre 50,8% aux Pays-Bas et 27,3% en Allemagne).
Que reste-t-il des 35 heures ?
Depuis 2002, la droite s’est attachée à assouplir le carcan mis en place par les lois Aubry. Sans remise en cause de la durée légale du travail ainsi fixée, les majorités successives ont voté cinq lois visant à augmenter la durée du travail effectif, principalement en encourageant le recours aux heures supplémentaires. Dès 2003, la loi Fillon a autorisé les entreprises, sous réserve d’un accord avec les syndicats, à ne majorer le paiement des heures supplémentaires que de 10%. Le contingent d’heures supplémentaires auquel les entreprises peuvent recourir a été plusieurs fois relevé, en 2002 et 2004, et même déplafonné en 2008, sous l’impulsion du ministre du Travail Xavier Bertrand, sous réserve d’un accord signé avec des syndicats représentatifs. Depuis cette date, les entreprises peuvent conclure un accord moins avantageux pour leurs salariés que les accords de branche. La loi Tepa de 2007, enfin, a boosté le recours aux heures supplémentaires en les exonérant de charges sociales et d’impôts. Un dispositif toutefois amendé sous François Hollande.
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