L’époque glorieuse de la société salariale est révolue : la sous-traitance se multiplie, les relations à l’emploi se fragmentent, le salariat s’émiette et se précarise. Pourtant, si l’avancée néolibérale représente un défi de taille pour les organisations syndicales, le syndicalisme continue d’exister et d’agir, « y compris dans les secteurs d’activité les plus touchés par la précarité ».
C’est dans une de ces branches que se plonge l’ouvrage de Cristina Nizzoli, C’est du propre ! Syndicalisme et travailleurs du bas de l’échelle. Objectif : dévoiler la nature des relations qui s’instaurent au quotidien entre travailleurs et représentants syndicaux, mais pas seulement. « Consacrer une étude au syndicalisme dans la deuxième décennie des années 2000 n’est pas anodin. Cela implique de le considérer comme un acteur fondamental au sein de nos sociétés ». L’ouvrage veut participer au débat sur les possibilités du syndicalisme contemporain en milieu précaire, en se posant la question des conditions de son renouvellement.
Cristina Nizzoli choisit comme terrain d’études le secteur de la propreté : par son mode d’organisation – externalisation et temps partiel imposé – et sa main-d’œuvre – majoritairement féminine et immigrée -, il représente « un terrain fécond pour l’étude du syndicalisme en milieu précaire ». La docteure en sociologie du travail, associée au Laboratoire LEST (CNRS-AMU) d’Aix-en-Provence a conduit une recherche comparative auprès des syndicats de la CGT de Marseille et de la Confédération générale italienne du travail (CGIL) de Bologne, en Italie.
Évolutions récentes du secteur
Elle se focalise sur les pratiques syndicales : « le syndicalisme n’étant pas un objet figé et monolithique, ce sont les interactions entre les représentants syndicaux et les salariés qui continuent à le faire vivre, à le façonner et à le transformer ».
Ainsi, après un premier chapitre qui retrace les évolutions récentes du secteur de la propreté et ses caractéristiques, l’auteur présente les trajectoires et les discours de deux leaders syndicaux, pour ensuite entrer dans le vif de l’enquête en s’attaquant à différentes pratiques : le suivi individuel lors des permanences, les grèves et les mobilisations, et la pratique de l’assemblée.
L’analyse de ces pratiques met à jour « la lutte pour la reconnaissance dans un secteur caractérisé par l’invisibilité et l’expérience de la domination ». Pour les travailleurs de ce sale boulot, « la mobilisation, ainsi que l’assemblée, demeurent des moments importants d’un processus qui marque la sortie de l’invisibilité et la possible constitution d’une appartenance à un groupe ».
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