Symposium France-Amérique Latine, La Havane, Cuba, les 29, 30 et 31 Octobre 2018.
Le travail est source de vie, de développement et de culture, mais aussi vecteur d’usure, voire de mort prématurée. Source à la fois d’exploitation et de d’émancipation, il peut être aussi un puissant opérateur de l’identité et de la santé.
Le travail est traversé par des ambivalences, des contradictions, des conflits d’intérêts, mais en même temps, et précisément pour ces raisons, il est propice à la confrontation de ces oppositions et à la construction à la fois des processus de
subjectivation et d’un monde commun.
Dans le monde contemporain, on observe de profondes mutations du travail. Celles-ci sollicitent le renouvellement des analyses des déterminants du travail et du rôle de celui-ci dans la vie et le développement des individus. La vocation
anthropologique du travail doit être mise en perspective avec les processus sociohistoriques qui orientent à la fois l’organisation du travail, les rapports sociaux au travail et le sens du travail.
Travailler n’est jamais seulement produire des biens ou des services ; c’est aussi toujours chercher à produire et affirmer son existence, persévérer dans son être. Y compris dans les mondes du travail situés hors du champ de l’emploi, dans ceux de
la marge et du « sale boulot », à la fois stigmatisé et invisible.
Aussi, la question des rapports entre santé et travail, dont l’un des enjeux majeurs concerne les déterminations actuelles de la vie au travail, peut être éclairée par des approches renouvelées.
La promotion de la santé au et par le travail suppose donc une approche dialectique, intégrant l’investigation des conditions et modalités du travail comme cause de vulnérabilité et comme opérateur de santé.
Elle suppose aussi de mettre en débat les pratiques développées en réponse aux préoccupations et demandes sociales émanant des milieux de travail. Au sein même des organisations émergent en effet des questionnements autour des contraintes et ressources de l’activité, de la construction et du développement de la santé, des métiers, de la souffrance et du plaisir au travail, des empêchements, impasses et dégagements, de la créativité et de l’inventivité au travail, des nouvelles formes de souffrance, des « risques psychosociaux », des épreuves identitaires, des diverses formes de maltraitance et de résistance… Les dispositifs d’accompagnement individuel, d’intervention, de recherche-action peuvent être analysés et discutés au prisme de ce nouveau paradigme de la santé comme développement de la puissance d’agir.
Ce symposium entend rassembler une diversité d’approches disciplinaires (ergonomie, psychologie du travail, médecine du travail, sociologie, économie, droit, philosophie, psychanalyse, etc.) afin d’éclairer et débattre des concepts de santé – comprise dans ses dimensions physique, psychique et sociale – et de travail, ainsi que de leurs interactions. De même, il vise à réunir des praticiens de différents contextes culturels et différents métiers mais qui sont tous engagés autour de cette visée d’humanisation du travail.
Le dialogue interdisciplinaire et interprofessionnel constitue une ressource essentielle pour éclairer les enjeux épistémiques et politiques de cette problématique.
Axes thématiques :
- Transformations du travail et subjectivité
- Place du travail dans les politiques publiques
- Temps, activité et subjectivité
- Biographies, histoires de vie, trajectoires et transitions professionnelles
- Travail contemporain et apprentissages
- Genre, santé et travail
- Les groupes/équipes/collectifs de travail
- Travail informel, travail invisible
- Travail et usages de substances psychoactives
- Diversité et discrimination
- Chômage, identité et santé
- Les conditions du travail soutenable
- Travail vivant, coopération et transmission
- Clinique individuelle en psychopathologie du travail
- Intervention, recherche-action : comment changer le travail ?