Dans son livre « Santé mentale au travail : tous concernés », l’expert Yannick Lemarié explore les mécanismes à l’œuvre dans la dégradation de l’équilibre mental des salariés et plaide pour des environnements plus respectueux, rappelant aux employeurs leurs obligations en la matière.
« La souffrance au travail, à l’instar de n’importe quelle maladie grave, tue encore et toujours des dizaines de personnes en France au XXIe siècle. »
Pour Yannick Lemarié, analyste du travail, un grand nombre des alarié·es souffrent « encore et toujours au travail », alors que des outils existent pour prévenir les risques psychosociaux (RPS) dans les entreprises.
Expert et formateur en santé, sécurité et conditions de travail auprès de comités sociaux et économiques (CSE), il est auteur et coauteur de plusieurs expertises sur les RPS et appelle à un sursaut face à cette « dégradation de la santé mentale » qu’il constate au quotidien. Il vient de publier un livre,
Santé mentale au travail : tous concernés, aux éditions Gereso. Pour Mediapart, il revient sur ses constats, alarmants, et invite à « comprendre pour déculpabiliser et mieux se protéger ».
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Selon vous, les salarié·es ne connaissent pas suffisamment cette obligation.
Un gouffre béant s’est creusé entre les années 1980 et aujourd’hui, 1982 étant l’année de création des comités d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail [les CHSCT, qui ont disparu avec les ordonnances Macron –ndlr].
Désormais, les gens qui bossent n’ont plus de culture de leurs droits. La France est l’un des pays où les salariés sont les moins au courant de ces droits et,surtout, des obligations de leur employeur.
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Vous diriez que le monde du travail est plus violent ?
Ah oui ! Les attaques sont plus fortes et les collectifs de travail, affaiblis. Une organisation de la gestion humaine par la peur et le chaos a été mise en place. On vient maintenant au travail avec la peur au ventre : la peur d’être muté, d’être isolé, de perdre son boulot… Tout devient une industrie de flux, il faut que ça aille à fond,on n’a pas le temps de réfléchir et c’est incompatible avec ce qu’est un être humain. Ce modèle gestionnaire,malheureusement, est aussi arrivé dans les services, et notamment dans le soin. C’est catastrophique
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Vous pointez aussi le burn-out comme « construit organisationnel » : que voulez-vous dire par là ?
C’est le fait de pousser les gens à bout, de les mettre dans des situations telles qu’ils finiront par partir d’eux-mêmes, en étant épuisés. Ou alors c’est la maladie et la décompensation qui les feront arrêter. C’est le fonctionnement de certaines entreprises pour se débarrasser des gens
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Yannick LEMARIÉ, Santé mentale au travail : tous concernés ! Comprendre pour déculpabiliser et mieux se protéger, éditions Gereso, Coll. : L’essentiel pour agir, mai 2025 – EAN : 9791039710534
