L’open space épuise-t-il le jeune travailleur sans qu’il s’en rende compte ? Depuis sa naissance à Hambourg, dans les années 1950, d’innombrables études ont été faites sur les mérites de l’espace de travail ouvert, censé faciliter la communication et la circulation d’idées. On a évalué son impact sur la santé, le bien-être, la créativité, la productivité du travailleur… Six décennies plus tard, « des preuves de mieux en mieux établies suggèrent que [l’open space] sape ce qu’il était précisément censé améliorer », écrit Maria Konnikova dans une note sur le site du New Yorker, relayée par Slate.
Ainsi, dans une analyse recoupant une centaine d’études sur le sujet réalisée en 2011, le psychologue américain Matthew Davis soulignait que des niveaux de stress plus élevés étaient régulièrement observés chez les salariés en open space, ainsi que de moindres niveaux de concentration et de motivation. Le bruit paraît être le facteur le plus important dans ces observations.
Les salariés les plus jeunes semblent réagir à ces gênes de façon tout aussi négative que leurs aînés, selon une étude parue dans la revue Property Management en 2012, qui se penchait sur une compagnie de télécommunication finlandaise. Les auteurs relevaient que les employés nés après 1982 ne toléraient pas mieux que les autres les distractions sonores comme les conversations et les rires. Ils se plaignaient également d’un manque d’intimité et de l’impossibilité de contrôler leur environnement en open space. Mais ces jeunes employés estimaient en majorité que ces inconvénients étaient vivables, voire souhaitables, car ils s’accompagnaient d’une ambiance de camaraderie au bureau, d’une socialisation plus intense.
Pourtant, si la jeune génération pourrait paraître plus adaptée à l’open space, et si elle semble en redemander, elle « pourrait être celle qui en souffrira le plus à long terme », écrit Maria Konnikova.
Notamment parce que la multiplication des tâches différentes à accomplir par un seul employé au fil de la journée, dite en anglais « multitasking », tend à le rendre plus sensible aux distractions. Selon Anthony Wagner, spécialiste de la mémoire à l’université Stanford, ceux qui sont les plus habitués à accomplir le plus de tâches à la fois sont « plus sensibles aux interférences dues à des stimuli sans intérêt de leur environnement ». Ils sont également moins capables que les autres de passer d’une tâche à une autre si celles-ci n’ont rien en commun.
En d’autres termes : ils mettent plus de temps à se replonger dans leur travail après avoir été interrompus par un collègue. Accomplir l’ensemble de leurs tâches leur prend ainsi plus de temps et d’efforts.
Retrouver l’article sur le site du Monde.
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