Explications sur le burn-out, aussi appelé syndrôme d’épuisement professionnel: qu’est ce que c’est? En souffrez-vous? Comment s’en sortir?
Tables des matieres
Qu’est-ce que le burn-out?
Le burn-out est souvent perçu comme un échec personnel, alors qu’il s’agit en réalité d’une pathologie sociale, voire de notre civilisation toute entière.
Notre époque est devenue frénétique, et par conséquent, le monde du travail aussi. Nous vivons au-delà de nos capacités physiques et psychologiques individuelles, et plus largement, au-delà des ressources de notre planète.
Les nouvelles technologies nous imposent leur rythme: plus vite, toujours plus vite! La productivité est devenue reine, et le rythme de travail dépasse désormais les limites du corps et du psychisme humain.
Ces nouvelles organisations du travail sont à la source de ce qu’on appelle les risques psychosociaux, ou RPS.
Sans repos, sans répit, nous sommes tous prisonniers d’un train qui roule trop vite. Ses passagers, les travailleurs, ne savent plus comment en descendre. Ceux qui sont sans emploi le regardent passer sans savoir comment y monter.
« Le burn-out est une maladie de civilisation. Nous épuisons la terre, nous épuisons l’humain dans une course folle vers l’abîme. »
Pascal Chabot
Le burn-out à tout va
Comme pour la notion de harcèlement moral, le mot burn-out est sur-utilisé par les patients. Il est pris dans une spirale médiatique et sociale qui n’aide pas à y voir clair.
Sans oublier qu’aucun patient ne présente un tableau pur de maladie. On peut être en burnout et présenter le syndrôme d’évitement des travailleurs, qui en plus d’être épuisés par la charge de travail, vivent un management par la peur et donc sont harcelés.
D’où l’importance de voir des cliniciens vraiment spécialisés dans la souffrance au travail, en plus de votre indispensable médecin généraliste qui vous connait depuis longtemps et comprendra ce qui vous arrive.
Un syndrome d’épuisement professionnel
Que se passe-t’il si l’énergie nécessaire au travail dépasse nos capacités physiques? La fatigue va vite apparaître. Mais si la fatigue touche l’ensemble des activités, le burn-out, lui, cependant, est un syndrome d’épuisement professionnel. Il évoque la fatigue physique et psychique, à tel point que peuvent grandir des sentiments d’impuissance et de désespoir.
Trois dimensions caractérisent ce qu’on appelle également l’épuisement professionnel:
- un épuisement physique et moral
- une perte d’intérêt pour son métier
- une perte d’efficacité professionnelle.
N’oubliez pas que la fatigue nerveuse aujourd’hui remplace souvent la fatigue musculaire!
Les pathologies de surcharge et de solitude
En psychopathologie du travail, nous distinguons deux grandes familles de pathologies liées au travail:
- les pathologies de surcharge
- les pathologies de la solitude
Notre article sur les risques psychosociaux (RPS) explique en détail.
Le burn-out n’est pas une maladie
Le burn-out n’est pas une maladie mais un syndrome d’adaptation. Sa source est l’environnement de travail, car il résulte de la rencontre entre l’individu et l’organisation du travail. D’ailleurs les symptômes du burn-out évolueront si les pressions exercées sur le travailleur et que sa souffrance au travail s’intensifient.
D’ailleurs, le 6 juin 2024, le Conseil d’Etat a tranché: les arrêts de travail pour burnout ne sont pas des arrêts de complaisance. Un syndrome d’épuisement professionnel est un motif tout à fait valable pour justifier un arrêt de la part d’un médecin. Un avis qui devrait faire jurisprudence, et éviter aux médecins qui veulent sortir leurs patients de conditions de travail toxiques de se retrouver poursuivis devant le Conseil de l’Ordre.
La définition officielle du burn-out
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a mis à jour la définition du burnout ou épuisement professionnel dans la 11e révision de la Classification internationale des maladies (CIM-11) qui a été adoptée en mai 2019 et est entrée en vigueur en janvier 2022.
Le burnout (code QD85) est classé dans la section des « problèmes associés à l’emploi ou au chômage » plutôt que dans le chapitre 6 portant sur les troubles mentaux, comportementaux et neurodéveloppementaux tels que les troubles de l’humeur ou d’anxiété. Il est ainsi considéré comme un « phénomène » plutôt qu’un trouble médical en soi.
L’épuisement professionnel est un syndrome conceptualisé comme résultant d’un stress professionnel chronique qui n’a pas été géré avec succès.
Il se caractérise par trois dimensions :
- des sentiments d’épuisement ou de fatigue;
- une distance mentale accrue par rapport à son travail, ou des sentiments de négativisme ou de cynisme liés à son travail ;
- un sentiment d’inefficacité et de manque d’accomplissement.
Le burn-out se réfère spécifiquement à des phénomènes dans le contexte professionnel et ne devrait pas être appliqué pour décrire des expériences dans d’autres domaines de la vie.
A quoi ressemble un burn-out?
Le burn-out, si vous vous vous efforcez de tenir à tout prix, se terminera mal sous une des formes suivantes:
- Un matin, vous n’arriverez pas à poser le pied par terre.
- Sur le trajet vers le travail, la panique vous serre la poitrine comme un étau, vous êtes en sueur, votre coeur battant à tout rompre.
- Vous éclatez en sanglot pendant la réunion devant votre équipe.
- Vous vous évanouissez dans le couloir.
- Vous renversez votre bureau et votre ordinateur, pris d’une rage intense.
- Votre n+1 parle mais vous ne l’entendez plus, vous êtes obsédé par la fenêtre ouverte derrière lui.
- Sur le quai du métro, vous entendez la rame arriver et vous vous dites « si je me jette, tout va s’arrêter, je vais pouvoir me reposer… »
Le burn out peut évoluer vers un véritable effondrement identitaire, anxio-dépressif majeur.
Les hormones de stress que vous fabriquez en excès, sans moment de pause et de répit, peuvent de surcroît frapper un ou plusieurs de vos des organes (cœur, cerveau, pancréas, musculature).
De multiples conséquences du burn-out (psychiques, somatiques, cognitives, comportementales) peuvent gravement nuire à votre santé et même augmenter le risque suicidaire. Non pas que vous n’aimez pas la vie, mais vous voulez juste que ça s’arrête.
Etes-vous en burn-out?
Vous êtes un travailleur dévoué qui se méfie du mot burn-out, ou vous vous sentez déjà pris dans la spirale?
Ou vous êtes un proche qui s’inquiète pour un collègue, un ami, ou un membre de sa famille?
Peut-être êtes-vous même un chef d’entreprise, un manager, ou un représentant du personnel qui se soucient du bien-être de leur équipe?
Se protéger et protéger les autres commence ici: en cherchant à comprendre, s’instruire, et prévenir.
Fatigue, ou burn-out?
Un syndrome est un ensemble de symptômes. Le même ensemble de symptômes peut se retrouver dans des maladies très différentes. Il est possible que vous vous pensiez atteint de burn-out alors que vous êtes épuisé ou déprimé. Il se peut que vous vous pensiez juste fatigué alors que vous êtes déjà en burn-out. Mais surtout il est possible que vous soyez dans une telle surcharge de travail que vous n’ayez absolument plus le temps de penser à votre santé.
Attention! Ne passez pas outre ces 3 signaux d’alarme:
- une fatigue indéracinable, un repos qui ne repose plus
- une perte du plaisir à aller travailler (qui n’est pas la peur d’aller travailler)
- le recours aux produits pour tenir.
Les 4 stades de l’épuisement professionnel
Stade 1: Vous sentez la fatigue, mais elle disparaît avec le repos. Problèmes de respiration ou de tension occasionnels.
Stade 2: Surmenage: vous n’arrivez plus à récupérer en vous reposant.
Stade 3: Vous commencez à vous servir de stimulants pour tenir. Problèmes de digestion et de sommeil, apparition de douleurs.
Stade 4: Épuisement et dommages physiques: le corps ne supporte plus la tension et capitule devant le stress psychique.
Si vous passez par ces stades, attention: il ne s’agit plus de simple fatigue mais de burn-out.
Faites le test – si vous cochez la plupart des cases jusqu’à la troisième section, « le stress chronique », il est temps d’aller consulter.
Burn-out vs. dépression
Comment savoir si vous êtes en burn-out ou subissez l’épuisement dû à une dépression? En effet, les symptômes de la dépression peuvent être comparables à ceux du burn- out ou d’un épuisement professionnel, à savoir:
- tristesse quasi permanente ;
- perte d’intérêt ou de plaisir pour toute activité ;
- troubles de l’appétit ;
- troubles du sommeil (insomnie ou hypersomnie);
- agitation ou ralentissement flagrant ;
- fatigue excessive ;
- sensation de culpabilité inappropriée ;
- difficultés de concentration ;
- idées noires.
Mais, bien que le burn-out et la souffrance au travail puissent ressembler à une dépression, et que ses conséquences peuvent déteindre sur la sphère privée:
- Le burn-out n’est pas un dépassement du seuil de « la fatigue ordinaire »: la même quantité d’énergie dépensée dans une activité choisie ne produira pas le même effet dévastateur que celui de l’activité contrainte professionnelle.
- Le burn-out ne concerne que l’activité professionnelle, voire quelquefois seulement telle tâche dans le travail, quand la fatigue touche l’ensemble des activités, notamment dans la dépression.
- Le burn-out n’est pas amélioré par le repos: suspendu par l’éloignement du contexte professionnel, l’épuisement revient dès l’instant de la reprise de travail dans les mêmes conditions.
N’oubliez pas que la fatigue nerveuse aujourd’hui remplace souvent la fatigue musculaire!
Peut-on sortir du burn-out?
Oui! Les travailleurs qui consultent à temps, qui n’attendent pas des mois – des années! – avant de se soigner, s’en sortent et retrouvent un travail à des niveaux de responsabilités quelquefois supérieurs à leur job précédent.
Il faut:
- trouver un clinicien qui saura distinguer le burn-out des autres maladies psychiatriques. Il pourra évaluer le risque suicidaire et les troubles associés ou les évolutions compliquées.
- contacter le médecin du travail pour l’alerter et lui parler du travail. Tout sera écrit dans votre dossier de médecine du travail et fera date. Un dossier de médecine du travail bien tenu permet de voir la chronologie de la dégradation de votre état de santé.
- s’orienter vers les consultations spécialisées en Souffrance au Travail pour évaluer plus précisément le lien santé/travail. Nos cliniciens sont spécialement formés pour établir ce lien.
Accident du travail ou maladie professionnelle?
Faut-il demander la reconnaissance en maladie professionnelle ?
Déclaré en maladie professionnelle, vous serez mieux indemnisé, et le lien avec le travail sera reconnu. Mais le parcours pour obtenir une reconnaissance en maladie professionnelle est laborieux. Il faut démontrer le lien avec le travail, et le salarié est rarement en état de le faire.
C’est la question importante de l’imputabilité de votre souffrance à l’employeur. Pour l’instant, il n’existe pas de tableaux de lésions psychiques dans le tableau des maladies professionnelles.
De plus, si on déclare d’abord une maladie professionnelle, on ne peut plus invoquer l’accident du travail par la suite. Par contre, si l’accident du travail est rejeté par la CPAM, on peut toujours faire une déclaration de maladie professionnelle.
L’alternative: l’accident du travail
Par contre, à l’occasion d’un malaise, d’une poussée d’hypertension, d’une crise de larmes, sur le lieu du travail (ou en télétravail à domicile) devant témoins, votre syndrôme peut être reconnu en accident du travail, qui est une procédure plus rapide.
Allez consulter notre Guide du Travailleur en Souffrance au Travail pour apprendre comment s’en sortir.