Construction de nouvelles solidarités au travail et démocratie

Dans un contexte marqué par la montée des autoritarismes, l’aggravation de la crise écologique et la fragmentation du lien social, Patrice Grevet, professeur honoraire de sciences économiques, propose une réflexion puissante : et si la reconstruction des solidarités au travail devenait un pilier d’un projet démocratique et social émancipateur ?

Dans son article publié sur son blog Mediapart, il revient sur les évolutions managériales et politiques depuis les années 1970, qui ont peu à peu détruit les collectifs de travail, affaibli les syndicats et isolé les individus dans une quête solitaire de performance.

Il mobilise les apports essentiels de Grégoire Chamayou, Danièle Linhart et Christophe Dejours pour comprendre cette transformation. Dejours, notamment, éclaire avec la psychodynamique du travail la manière dont le plaisir au travail peut naître de la coopération et de la reconnaissance, à condition que l’organisation ne l’entrave pas.

Patrice Grevet plaide pour une bifurcation sociale, écologique et démocratique, dans laquelle la démocratie s’ancre aussi dans le travail réel : débats sur les lieux de travail, construction collective de règles, planification ascendante, et reconnaissance des travailleurs comme acteurs majeurs des transformations.

Ce texte s’adresse à toutes celles et ceux qui pensent que le travail n’est pas qu’un lieu de subordination, mais peut redevenir un lieu d’émancipation collective et de démocratie en actes.

« En détruisant les solidarités, sur le terrain de la production, le pouvoir des dirigeants d’entreprise est parvenu à affaiblir les syndicats de façon significative. L’impact politique… déborde largement le périmètre de l’entreprise : le chacun pour soi, la méfiance à l’égard de l’autre, la déloyauté vis-à-vis des pairs dans le travail infiltre progressivement la société civile tout entière et se traduisent par un appauvrissement sensible du débat politique dans la cité. » (Christophe Dejours, Le Choix. Souffrir au travail n’est pas une fatalité, Bayard, 2015, p. 19).

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