5 conseils pour définir et venir à bout du burn-out

04 octobre 2017 | Burn Out

Nous assistons, dans les consultations spécialisées dans la souffrance au travail, à une simplification de langage de la part des patients, tous en « burn-out » comme, à une époque tous « harcelés ».

Nous assistons, dans les consultations spécialisées dans la souffrance au travail, à une simplification de langage de la part des patients, tous en « burn-out » comme, à une époque tous « harcelés ». Le syndrome d’origine se transforme en concept-poubelle, en pop psychologie, vidé de sa définition véritable, et son omniprésence masque les autres pathologies psychiques liées au travail, tout aussi sérieuses à prendre en compte.
Du côté des entreprises, le burn-out est encore trop souvent renvoyé à des caractéristiques personnelles: surinvestissement du travail, terrain addictif, besoin excessif de reconnaissance, engluant le salarié dans sa culpabilité individuelle, exonérant les organisations du travail de leur obligation de protection de la santé physique et mentale des salariés (L 4121). La conscience professionnelle, autrefois vertu majeure, est-elle devenue une pathologie? Vouloir bien faire son travail en ayant le temps, les moyens, les objectifs, relève-t-il d’un idéal névrotique ?Le burn-out pour les nuls - Marie Pezé
Au-delà des questions de définitions, d’imputabilité ou pas à l’entreprise, de reconnaissance en maladie professionnelle, qui nécessiteraient une argumentation que je développe dans Le Burn-out pour les nuls, et devant l’aggravation et la multiplication des cas dans nos consultations, voici quelques conseils majeurs :

Ne pas mépriser sa fatigue et connaître les trois symptômes d’alerte

Une fatigue indéracinable, un repos qui ne repose plus. Une perte du plaisir à aller travailler. Le recours aux produits pour tenir. A ce stade, il faut consulter.

Ne pas se laisser dévorer par le dieu du temps, Chronos, qui devient vite un voleur de vie

Ne vous laissez pas avoir par le bip de l’e-mail entrant, par le nombre d’e-mails affichés pas encore lus, la messagerie saturée. Toutes ces mini-actions de lecture/compréhension/réponse vous épuisent et surtout vous empêchent de penser vraiment. Pour penser, réfléchir, votre cerveau a besoin d’espace et de temps. Ce fameux « temps de cerveau disponible » que notre civilisation consumériste sait capturer, REPRENEZ-LE ! Pour vous.

Travailler sur sa peur en ne restant pas seul

La peur cède quand on découvre qu’on n’est plus seul, qu’un médecin, un thérapeute, un avocat, un inspecteur du travail, un médecin-conseil peuvent s’interposer entre l’employeur et son salarié. Quand on devient un salarié averti de ses droits et de ses devoirs.
Bien sûr, il est plus simple de surmonter sa peur collectivement, quand on peut s’appuyer sur les collègues, le collectif, l’équipe. On a vu que dans un monde de polyvalence, de turn-over, de délocalisation, les équipes se disloquent. Or, ce qui se passe au travail est notre affaire à tous. Il faut défendre les autres pour renouer avec la solidarité.

Non, tout ne vient pas de nous

Il faut aussi tenir compte de la façon dont on organise notre travail, identifier les techniques de management pathogènes. Bien sûr, le travail est en forte résonance avec notre identité personnelle. Si le salarié s’investit trop au travail, on aura beau jeu de penser qu’il a un besoin éperdu de reconnaissance depuis l’enfance. Qu’il n’obéit pas aux consignes parce qu’il s’oppose inconsciemment à l’autorité paternelle! Mais peut-on dire à l’ouvrière, qui souffre des 27 bouchons qu’elle visse par minute, que son OEdipe y est pour quelque chose? Peut-on dire au harcelé qui s’effondre à son poste: « Partez au lieu de supporter cette souffrance », alors que démissionner lui ferait perdre ses droits sociaux? Les Françaises apportent-elles leur consentement pulsionnel à être payées 25% de moins que les hommes?

Sachez reconnaître votre propre travail à défaut d’obtenir la reconnaissance de votre hiérarchie

Ce que nous investissons dans le travail ne peut se soutenir que grâce à des gratifications obtenues en retour :

  • Gratifications issues du travail lui-même lorsqu’il est bien fait et nous renvoie une image positive de nos compétences. Sauf si nous travaillons en mode dégradé!
  • Gratifications réelles au travers du salaire ou d’autres avantages. Sauf si ces rétributions sont bloquées!
  • Gratifications symboliques par ce que l’usager pour qui nous travaillons, notre hiérarchie et nos collègues, nos pairs nous renvoient l’utilité de ce que nous avons fait pour eux. Sauf s’il est de bon ton de ne jamais remercier le salarié pour le travail bien fait, de ne pas le rater quand il a fait une erreur.

Pour vous les femmes, il est temps de redire qu’une double journée pèse sur vos épaules et que cela ne doit plus être une double peine

C’est toujours EN CONTRE que le corps de la femme va devoir trouver sa place dans l’organisation du travail en France. Elles doivent s’adapter à un monde du travail construit par les hommes qui ont des femmes les déchargeant de la sphère domestique et familiale. D’où les réunions tardives, les dossiers déposés à 18 heures, les freins à la carrière quand on a des enfants et que l’employeur anticipe les absences pour enfant malade, les temps partiels. Et tout en supportant le sexisme ordinaire qu’on taxe encore trop souvent de gauloiserie à la française.

Dans tous les cas, ne restez pas seuls !

Via huffingtonpost.fr (article de Marie Pezé)
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