Diffusé le 20 février sur France 5, le documentaire La Mécanique burn-out décrit via plusieurs témoignages l’engrenage qui mène des salariés très impliqués dans leur travail sur la pente de la dépression. De quoi nourrir les débats sur la question.
Ce berger n’avait plus envie d’aller travailler mais, comme il le dit, « les bestioles n’ont rien demandé ». Cette cadre bancaire passionnée par sa mission – « même si personne n’a jamais rêvé d’être banquier quand on a 5 ans », résume-t-elle – était devenue « une machine de guerre ». Ce salarié de Greenpeace, qui avait « l’impression d’être là pour sauver la planète », évoque « une charge psychologique forte ». Cette assistante sociale, qui épongeait la misère du monde, ne voulait pas s’arrêter de peur que les gens dont elle s’occupe perçoivent en retard le RSA ou que sa charge de travail ne se reporte sur ses collègues, déjà débordés. Ce chef cuisinier n’arrivait plus à donner des ordres à sa brigade, tant ses mains tremblaient. Tous étaient impliqués à 100 % dans un métier qu’ils aiment. A 200 % même. Jusqu’à ce que leur corps n’arrive plus à suivre le rythme. Jusqu’à ce qu’ils se consument au travail, littéralement. Ils témoignent tous de ce processus dans le récent documentaire d’Elsa Fayner, La Mécanique burn-out.
Un « effondrement professionnel »
La réalisatrice, également journaliste pour Santé & Travail, a suivi pendant un an ces personnages aux métiers et parcours variés. Ils ont tous un point commun : à force d’en faire toujours plus, ils ont sombré. Le berger a fini par « hiberner, comme une marmotte ». La banquière a perdu 18 kg en deux mois. Le « sommeil en pointillé » a épuisé le militant de Greenpeace. La tension de l’assistante sociale est descendue à 8. Celle du cuisinier est montée à 19,6. Chaque histoire est différente, mais la conclusion est la même. C’est ce qui ouvre les yeux du téléspectateur, comme un message de prévention. Tout le monde peut être touché, même ceux qui se croient « forts ». La réalisation met aussi en évidence le même mécanisme : un travail qui perd de son sens, un perpétuel manque de temps, des batteries qui ne se rechargent plus… Ces travailleurs brisés racontent leurs maux avec leurs mots, pour mieux donner à comprendre ce qui se cache derrière le terme de burn-out. La réalisatrice-journaliste le dit dans la voix off : le terme est aujourd’hui galvaudé. Souvent traduit comme un épuisement professionnel, il renvoie davantage à un « effondrement professionnel », selon Danièle Linhart, sociologue du travail, également interviewée.
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