Difficile de savoir ce que l’on souhaitera faire demain, d’autant plus que bon nombre de métiers sont encore à inventer. Dans ce contexte, être outillé pour apprendre à naviguer dans un monde du travail incertain est un nouveau droit à revendiquer, estime Anaïs Georgelin, cofondatrice de somanyWays.
Les jeunes diplômés ont incarné le malaise au travail, la quête de sens insatisfaite. Avec la ferveur de la jeunesse, ceux dont le diplôme leur a ouvert les portes des plus grandes entreprises et que le marché du travail attendait ont décrié et fui des organisations qui ne leur convenaient pas. Nous en avons fait un phénomène générationnel.
Pourtant, à côté de la difficulté très médiatisée des entreprises à retenir les jeunes talents, d’autres signaux faibles ont montré que l’ensemble du corps social était bousculé. Le monde a changé, les organisations aussi, contraignant les collaborateurs à des ajustements plus ou moins bien annoncés, préparés et accompagnés. Les manifestations de souffrance au travail ont pris bien des formes, avec des intensités variables : ras-le-bol, désengagement, «burn-out», «bore-out», «brown-out». A y regarder de plus près, les évolutions du rapport au travail semblent finalement bien plus contextuelles que générationnelles.
Fuir ou se désengager ?
Mon travail a-t-il encore du sens pour moi ? Nous pourrions croire que cette question est un problème de riches, réservé aux jeunes diplômés et aux cadres. Pourtant, l’expérience nous a démontré que cette question était universelle, sans aucun doute liée à ce qui fait notre humanité. Nous avons tous besoin de trouver un sens à ce que nous faisons.
En revanche, c’est la réponse à cette absence de sens qui peut différer d’un individu à l’autre. Tandis que certains n’hésiteront pas à quitter l’entreprise, le métier qui ne leur convient pas ; d’autres resteront et s’accrocheront à leur job par peur de perdre le revenu qu’il représente, tout en se désengageant mentalement.
Et l’âge ou le niveau de diplôme ne sont pas toujours les meilleures clés d’analyse pour expliquer le choix d’un comportement plutôt qu’un autre. La nature du métier exercé, le contexte social dans lequel nous avons évolué, ou la perception que nous avons de nous-même sont au moins aussi importants. Ainsi, une personne exerçant un métier en tension requérant peu de diplômes, aura plus de facilité à quitter une entreprise qui ne lui donne pas de sens, qu’un docteur en histoire de l’art qui a rencontré des difficultés à trouver son job. De même, la confiance que nous avons en notre capacité à rebondir, à trouver des solutions quoi qu’il arrive, explique parfois davantage notre comportement vis-à-vis de l’entreprise que notre niveau de diplôme.
Si les organisations doivent prendre leur part de responsabilité, à l’échelle individuelle, subir ou résister ne sont pas les bonnes réponses sur la durée. Car elles rendent chaque jour plus difficile le fait de se rendre au travail, car elles condamnent, parfois, à se retrouver en situation d’être poussé vers la sortie. Alors, à tous ceux à qui la réforme du chômage donne envie de démissionner pour prendre un nouveau départ, voici quelques lignes d’encouragement et de conseils.
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