Légalement irréprochable, humainement insoutenable… Ce n’est pas parce qu’un acte est légal qu’il est légitime.

Mise à jour le 10 novembre 2025 | Stress Travail et Santé

Nous relayons ici un excellent et indispensable post* de Soraya M., co-Secrétaire Nationale FO Justice Police judiciaire de la jeunesse (PJJ) référente des directeurs/trices.

Dans certaines administrations, des pratiques managériales s’abritent derrière la légalité et l’insidieux pour imposer des comportements qui, bien que conformes aux textes, génèrent une usure silencieuse mais profonde chez les agents.

📌 Congés validés à la dernière minute
➡️ Cela empêche toute anticipation personnelle, crée de l’instabilité, et alimente un sentiment de dépendance infantilisante vis-à-vis de la hiérarchie.

📌 Formations systématiquement entravées
➡️ Cela freine le développement professionnel, renforce le sentiment d’inutilité ou de stagnation, et prive les agents d’espaces de respiration et de valorisation.

📌 Vérifications horaires récurrentes et ciblées
➡️ Cela installe un climat de suspicion, pousse à l’hypervigilance, et détruit la confiance dans la relation de travail.

📌 Baisse progressive des évaluations sans justification
➡️ Cela mine l’estime de soi, génère de l’incompréhension et du doute, et peut servir de levier pour fragiliser ou isoler un agent.

📌 Gaslighting** institutionnel
➡️ Cela consiste à faire douter les agents de leur propre perception, à nier des faits vécus, ce qui peut entraîner confusion, perte de repères et détresse psychologique.

📌 Pressions implicites sur la disponibilité
➡️ Cela crée une obligation morale non dite d’être toujours joignable ou disponible, brouille les frontières entre vie pro et perso, et alimente l’épuisement.

📌 Injonctions contradictoires sans régulation
➡️ Cela place les agents dans des impasses opérationnelles, les expose à la faute sans solution, et génère stress, culpabilité et sentiment d’échec.

Et la liste n’est pas exhaustive…

‼️ Rien d’interdit. Tout est dans les clous. Mais ces pratiques, répétées et banalisées, instaurent un climat de hypervigilance, de déséquilibre psychique, et d’épuisement professionnel.

Pris isolément ces comportements ne sont pas considérés comme répréhensibles. Répétés et accumulés ils pourraient être reconnus comme du harcèlement mais les spécialistes s’accordent à dire que cela reste rare et difficile.

👉 Ce n’est pas parce qu’un acte est légal qu’il est légitime.

👉 Ce n’est pas parce qu’une pratique est autorisée qu’elle est acceptable.

Certains managers le savent. Et en jouent. Ils exploitent les marges du droit pour exercer un pouvoir discret, mais profondément délétère.

⚠️ Il est temps de reconnaître que la légalité peut être pernicieuse lorsqu’elle sert à contourner l’éthique, à neutraliser la contestation, ou à maltraiter sans trace.

🔐 Protéger les agents, ce n’est pas seulement veiller au respect du droit. C’est aussi dénoncer les usages du droit qui détruisent sans transgresser.

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* Lien vers le post de Soraya M : www.linkedin.com

** Le gaslighting désigne à l’origine la manipulation d’une femme par la mise en doute de sa parole et de son état mental par l’époux. Devenu un mot-clé de la psychologie puis un outil critique du féminisme, il englobe désormais un type de langage politique mensonger et violent, voire négationniste. Cf. l’article Le gaslighting : du doute de la parole des femmes aux discours de post-vérité sur le site de Radio France.


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