Interview de Daniel Sartor, psychologue clinicien du travail : « Dans mes consultations, je constate que les travailleurs ont peur »

Mise à jour le 27 octobre 2025 | Stress Travail et Santé

Entretien avec Daniel SARTOR, psychologue clinicien du travail, membre du réseau Soufrrance & Travail, par Éliane Patriarca – 16 octobre 2025. Daniel Sartor, président de l’association « Souffrance au travail du Gard » et ancien ingénieur de France Télécom (devenu Orange), analyse les méthodes de management à l’origine de la souffrance mentale de ses patients. Il dénonce la stratégie d’isolement croissant des salariés et l’effondrement des solidarités qui mine les organisations.

Votre livre recherche, dans l’organisation du travail contemporaine, les origines de la violence qui altère la santé psychique de nombreux salariés. De quand date cette évolution ?

Daniel Sartor : Durant les années 1980, en même temps que prospèrent le néolibéralisme et la financiarisation des entreprises, les organisations prennent un tournant majeur : la gestion supplante l’ingénierie. Les chefs d’entreprise réalisent qu’optimiser la seule force du travail n’est plus suffisant pour rester performants. Il leur faut y adjoindre la pratique d’une gestion efficace et se consacrer à la création de richesse par la finance. Les « ressources humaines » deviennent un levier pour faire progresser la performance de l’entreprise. L’émiettement des tâches, qui avait été introduit par le taylorisme, s’intensifie. Les procédures de contrôle se multiplient. Et le management se fait par le chiffre.

Les entreprises sont-elles seules concernées ?

D. S. : Ce phénomène affecte également le secteur public et les associations. Par exemple, dans les hôpitaux, les chefs de service et les directeurs, qui étaient des médecins, sont remplacés par des diplômés de grandes écoles de commerce. Les fonds de pension américains, qui ont acquis des résidences pour personnes âgées, se débarrassent des salariés expérimentés et ne les remplacent que partiellement par des agents contractuels ou
des intérimaires, plus adaptables à l’idéologie de l’entreprise et moins bien rémunérés. La qualité des soins est sacrifiée au nom de la rentabilité. La privatisation de la SNCF, de La Poste et de nombre d’entreprises et services publics est ensuite engagée.

Lire la suite (payant) sur le site sante-et-travail.fr

Présentation du livre de Daniel SARTOR :


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