Déménagement au bureau : un remue-ménage émotionnel

Stress Travail et Santé

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Lorsqu’il faut réaménager l’espace de travail, peurs et frustrations sont attisées jusqu’au confort à nouveau retrouvé.

«Quand la boîte a quitté le centre de Paris pour des locaux deux fois plus grands en banlieue, je me suis sentie punie», confie Magali, salariée d’une agence de publicité. Avec des trajets en voiture rallongés de quarante minutes, on peut comprendre une telle réaction. Une récente étude montre que les décideurs sont d’ailleurs de plus en plus conscients de l’importance à accorder aux lieux de travail: 65 % de ceux qui ont été interrogés reconnaissent que la proximité de commerces et un accès aux transports jouent un rôle crucial dans leur choix d’un espace de travail de qualité, notamment pour attirer les jeunes générations.
Il n’empêche: une délocalisation est un facteur de stress. Et si, en plus, comme c’est le cas dans la vie professionnelle, elle n’est pas choisie mais imposée, le simple réaménagement intérieur de l’espace de travail peut déclencher des réactions irrationnelles. Charles, assistant de direction d’un groupe de communication, a dû, à cause de rachats successifs, organiser trois déménagements des équipes en moins de dix ans. «À chaque fois, dit-il, dès l’annonce du mouvement, toutes sortes de fantasmes s’élèvent: “où va-t-on atterrir?”» «De toute façon, ce sera moins bien que maintenant», rapporte-t-il… «Beaucoup de peurs et méfiances s’expriment.» Sa conclusion: «Les hommes n’aiment pas changer.»
Des inquiétudes «territoriales»
Marc Traverson, coach et directeur général du cabinet Acteus, qui accompagne les entreprises dans leurs transitions, confirme: «Le déménagement de bureaux est l’un des plus gros changements que doit vivre une organisation. Dès que le projet est lancé, tout le réseau s’en trouve bouleversé, car nous sommes avant tout des êtres territoriaux. Cela, patrons comme employés l’oublient, notamment lorsqu’ils sont restés dans les mêmes locaux pendant des décennies, ce qui s’avère désormais très rare.»
Les inquiétudes exprimées s’avèrent donc principalement «territoriales». «Les questions qui hantent les salariés se concentrent sur l’emplacement de leur poste de travail, celui-ci renvoyant bien évidemment à la place qu’ils ont – ou souhaiteraient avoir dans l’entreprise», ajoute le consultant. «Mon bureau sera-t-il près du centre névralgique, c’est-à-dire décisionnaire, ou serai-je rejeté à la périphérie?», «Me rapproche-t-on des bureaux de la direction ou vais-je me retrouver près de la soufflerie ou, pire, des toilettes?», autant de questions qui deviennent quasi obsessionnelles car les travailleurs mesurent la valeur qu’on leur accorde à la place qui leur sera accordée sur la géographie du plateau. «Convoité par tous: le bureau d’angle avec vue sur la Seine reste le “must” des chefs», relève Marc Traverson. «Et le plus redouté? Le placard, évidemment!»
La tendance actuelle, cependant, est au décloisonnement – un moindre coût pour les actionnaires – offert par «l’open-space». Mais du côté des employés? «Celui-ci reste une source de grosse inquiétude», observe Charles. «Et avec raison… Sur plan, nous devions être 90 employés réunis sur un même plateau… Il a fallu négocier serré avec les actionnaires pour n’être plus que 65, ce qui a permis de gagner 3 m² par personne…» Ce décloisonnement «participatif», où tout le monde se retrouverait, pris positivement dans un travail d’équipe facilité par la promiscuité, recouvre souvent d’autres réalités…
Pour Magali, «l’incapacité à s’isoler pour travailler, l’obligation de porter un casque si je ne veux pas entendre les conversations perpétuelles de mes collègues m’ont rendue, dit-elle, proche du burn out».

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