Détruire une carrière professionnelle, nouvelle forme de harcèlement moral

Mise à jour le 25 juin 2025 | Stress Travail et Santé

En 2024, 35 % des actifs déclarent avoir déjà été victimes de harcèlement au travail. Certaines catégories sont particulièrement touchées, comme les moins de 35 ans et les femmes, même si les hommes n’en sont pas pour autant épargnés.

La menace de détruire la carrière professionnelle se manifeste par des agissements répétés, qui altèrent la santé physique et/ou mentale. Une étude menée dans plus de dix pays analyse les mécanismes de ce phénomène insidieux, avec des codes aussi implicites qu’explicites. Quelles conclusions en tirer ? Quelles recommandations donner aux victimes ?


Le procès de trois anciens cadres d’Ubisoft, accusés notamment de harcèlement moral, s’est clos, à Bobigny, le 5 juin [2025] et le jugement est attendu pour le 2 juillet prochain. Une actualité qui illustre la question du harcèlement moral au travail.

Il « se manifeste par des agissements répétés qui ont pour objet ou pour effet une dégradation des conditions de travail susceptible de porter atteinte aux droits de la personne du salarié au travail et à sa dignité, d’altérer sa santé physique ou mentale ou de compromettre son avenir professionnel ».

Un phénomène qui est celui qui entraîne le plus de répercussions graves sur les individus, dans une moindre mesure sur les institutions.

Ce sujet est de plus en plus reconnu dans les milieux organisationnels. Une de ses formes n’a pas été étudiée de manière indépendante et approfondie : la menace de détruire la carrière professionnelle des autres.

À travers une étude (à paraître) qualitative de 26 entretiens avec des salariés, issus du secteur public ou privé, au Canada, en France, aux États-Unis, en Allemagne, au Royaume-Uni, au Liban, en Égypte et en Irak, nous nous efforçons d’expliquer le mécanisme de ce phénomène.

Avec quelles conclusions à tirer ? Quelles différences entre pays développés et en développement ? Pour quelles recommandations ?

Environnement professionnel malsain

Ce harcèlement moral repose sur l’utilisation de l’autorité ou de l’influence pour infliger des dommages psychologiques. L’objectif ? Manipuler émotionnellement en menaçant de détruire la carrière d’autrui, ou de nuire réellement à l’avenir professionnel de la victime.

En 2002, les chiffres du baromètre national du harcèlement au travail sont édifiants : 35 % des salariés déclarent avoir déjà été victimes de harcèlement au travail. Certaines catégories d’actifs sont particulièrement touchées, notamment les moins de 35 ans (43 %), les femmes (38 %), même si les hommes sont loin d’être épargnés (31 %).

Ce comportement toxique est souvent motivé par des conflits personnels, la peur de la concurrence, le leadership narcissique, la jalousie, la stigmatisation ou la discrimination, comme l’atteste un salarié interrogé :

« Simplement à cause de mes opinions politiques, on m’a clairement fait comprendre que si je ne m’alignais pas avec certaines vues, mon avenir dans l’entreprise serait compromis. C’est une forme de harcèlement insidieuse, où la liberté d’expression est étouffée sous prétexte de maintenir une “certaine ligne”. »

Les origines de ce type de harcèlement résident dans des environnements professionnels malsains, où les règles sont ambiguës et les relations sont tendues :

« Cette pression constante, associée aux menaces, m’a fait réaliser à quel point le harcèlement peut se manifester dans des espaces de travail où la communication et la confiance font défaut. »

Cette ambiguïté du management peut créer un climat où les salariés restent incertains quant aux attentes à leur égard, générant des tensions, des erreurs et même des conflits.

Menaces explicites et implicites

Ce type d’intimidation s’exerce souvent sous forme de pressions psychologiques, de manipulation émotionnelle ou de menaces voilées. La diffusion de rumeurs malveillantes est l’un des outils les plus courants. Elle vise à ternir la réputation de la victime et à semer le doute sur sa crédibilité. Saboter les projets clés ou retirer des opportunités importantes constitue une autre tactique, privant ainsi la victime des moyens de démontrer ses compétences.

« J’ai rapidement compris que certaines remarques et comportements étaient des menaces subtiles contre ma carrière. C’est une forme de pression insidieuse qui crée un climat de peur et de soumission. »


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Les évaluations professionnelles biaisées ou manipulées peuvent dégrader artificiellement les performances perçues de la personne ciblée. Elles faussent la perception des compétences et des contributions réelles de l’employé, impactant négativement sa trajectoire professionnelle. Des menaces explicites ou implicites de licenciement ou de réduction des avantages professionnels sont fréquemment utilisées pour instiller la peur. Ces méthodes sont souvent complétées par une marginalisation sociale, visant à isoler la victime de ses collègues.

Lire la suite de l’article, « Chantage permanent », « Pression et dépression », « Réaction des victimes », sur le site https://theconversation.com


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