Laurène Lévy, @laulevy sur les réseaux sociaux, a 27 ans et un franc parler qui fait du bien. Porte-parole de la Génération Z (population née après 1995, ndlr.), cette pro de l’influence et des contenus dénonce les mauvaises pratiques des entreprises « toxiques » à travers des vidéos humoristiques et engagées. Elle s’adresse particulièrement aux jeunes, qu’elle conseille sur leurs droits au travail. Laurène nous raconte le pourquoi du comment.
Dans ta bio TikTok – qui comptabilise plus de 197 000 abonné·e·s -, tu décris ton compte comme un « Toxic jobs hate account », qu’on traduirait en « Compte contre les jobs toxiques ». Qu’est-ce que tu as voulu dire ?
Sur les réseaux sociaux, il y a les “comptes fan”, comme un “Britney Spears fan account” et moi c’est l’inverse : c’est un “compte hate”, le compte qui déteste les jobs et entreprises toxiques.
Tu écris aussi : « Je dis les termes » (s’exprimer avec honnêteté sur une situation, ndlr)… D’où te vient cette franchise et cette combativité ?
J’ai grandi dans un environnement globalement très engagé. Mon père est délégué du personnel depuis 25 ans et il y a beaucoup de psychologues dans la famille. C’est peut-être pour ça que je ne suis pas du genre à temporiser.
Je n’essaye pas de plaire à tout le monde, j’exprime mon opinion sans me brider. À force de recevoir de nombreux messages du type : « Tu as dit les termes ! », j’ai réalisé que c’est ce qui représente le mieux le ton que j’emploie alors j’en ai fait ma marque de fabrique.
Y a-t-il eu un événement particulier qui t’a poussée à t’engager davantage contre les pratiques toxiques du travail ?
J’ai eu une très mauvaise expérience dans une agence à la sortie de mon master en 2021. On m’a hurlé dessus en plein open space, je me suis réfugiée dans les toilettes pour pleurer, on m’a suivie… Ça aurait pu aller jusqu’aux Prudhommes !
C’était mon premier CDI et j’ai démissionné au bout d’un mois… Je dirais que c’est cette expérience qui a “allumé la flamme”.
Ton compte TikTok existe depuis 2021 et comptabilise déjà entre 8 et 10 millions de vues par mois. Comment en es-tu arrivée là ?
À la base, j’ai juste réagi à une vidéo dans laquelle des étudiants dénonçaient les fausses promesses des grandes écoles en termes de salaires post-diplômes. J’ai été surprise de la naïveté et de la désinformation de ces étudiants qui croient ces promesses.
J’ai donc diffusé une vidéo à mon tour sur TikTok, conseillant aux (futur·e·s) jeunes diplomé·e·s de se renseigner sur la réalité du marché du travail, au lieu de croire les écoles les yeux fermés. Ça a vite fait le buzz, fait réagir plusieurs internautes et j’ai reçu de nombreuses questions et demandes de conseils. C’est là que j’ai compris qu’il y avait une vraie désinformation chez les jeunes concernant les salaires.
En creusant, j’ai aussi réalisé qu’ils étaient nombreux à ne pas avoir connaissance de leurs droits. J’ai donc commencé à créer du contenu principalement destiné à la Gen Z sur le marché du travail. Ma visibilité a vite pris de plus en plus d’ampleur, signe qu’il y a un vrai besoin de conseils de leur part.
« Ce n’est pas parce qu’on est nombreux·ses à prioriser notre bien-être à notre carrière que nous sommes des faibles ! »
@laulevy, influenceuse.
Parmi tous les combats que tu mènes sur ton compte (pour le télétravail et l’égalité hommes/femmes, contre la discrimination à l’embauche…), lequel serait le principal pour toi ?
C’est le refus d’accepter des conditions de travail jugées toxiques. Le strict minimum, c’est de faire respecter les droits des salarié·e·s, puis d’améliorer les conditions de travail, en s’axant davantage sur le bien-être au travail, au lieu de ne se concentrer que sur la performance.
Au-delà de faire connaître leurs droits aux actif·ve·s, j’ai envie de contribuer à ouvrir les yeux des entreprises sur le lien de cause à effet entre le bien-être et la performance, et l’intérêt pour tout le monde de prendre des initiatives en ce sens.
Par quoi commencer pour améliorer les conditions de travail ?
Il faudrait avant tout proposer des formations automatiques en management, au lieu de nommer manager une personne “juste” pour son ancienneté ou pour justifier une augmentation.
Gérer des équipes est un métier en soi ! Surtout lorsque pour 69% des salariés, leur manager influence leur état psychologique tout autant que leur conjoint d’après une enquête menée par Walr.
On devrait aussi mettre plus d’humain dans l’entreprise, ce qui passe notamment par une hiérarchie horizontale, davantage d’échanges, quel que soit le niveau d’expérience ou de salaire : toute parole a une valeur !
…
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