Dans un rapport publié jeudi, le Sénat dresse un bilan des réformes opérées au sein du corps de l’inspection du travail. La volonté d’optimiser les contrôles risque d’entraîner un effet d’éloignement des inspecteurs du travail des entreprises et des salariés. Leur rôle de conseil pâtit des priorités fixées par les gouvernements, souligne le rapport.
La difficile transformation du corps de l’inspection du travail
En 2013, Michel Sapin, alors ministre du travail, lance la réforme de l’inspection du travail (« le ministère fort ». L’un des axes de cette réforme est de faire passer l’ensemble des contrôleurs du travail en inspecteurs du travail. Une réforme d’ampleur « qui aurait dû se finir en 2015 mais a été prolongée jusqu’en 2019 », constate le rapport.
Cette réorganisation entraîne quelques effets pervers que soulignent les deux rapporteurs et qu’avait souligné en 2006 la Cour des comptes. C’est principalement la mission de renseignement qui en est affectée. « La désorganisation est particulièrement patente en ce qui concerne les services de renseignement ». Les contrôleurs de travail étaient tout particulièrement formés à cette mission, contrairement aux nouveaux recrutés. « La fonction de filtre du service de renseignement n’est plus ainsi optimale et peut conduire à alourdir la charge des inspecteurs du travail. La question de l’accès au service public de l’inspection du travail par les salariés ou les entreprises est également posée ». Ce constat inquiète d’autant plus le Sénat qu’un code du travail numérique est annoncé pour le 1er janvier 2020. « … L’expérience du service de renseignement doit abonder le projet de code du travail numérique porté par le ministère en cernant les attentes des salariés et les questions récurrentes ». Le Sénat suggère de renforcer les services de renseignements en développant la formation des agents qui y sont affectés.
Une crise des vocations
Autre sujet d’inquiétude pour le Sénat : la « crise des vocations », une crise que le rapport relie justement à la disparition du corps des contrôleurs de travail « qui représentait jusqu’alors un vivier important de recrutement ». Faut-il alors diversifier les profils des candidats comme le préconise le rapport de l’Igas en 2016 ? L’expérience professionnelle pourrait être davantage valorisée, il serait nécessaire de majorer le troisième concours afin d’attirer d’autres profils que celui de juriste en droit social, ou bien encore diversifier la composition du jury. Il conviendrait aussi de renforcer leur formation afin de permettre aux agents de contrôle de « mieux appréhender les évolutions du contexte économique et social, le monde de l’entreprise et la transformation du rôle de l’Etat ». Autant de propositions formulées par le Sénat.
Le rapport révèle que le ministère envisagerait une formation en alternance dans les Direccte afin de développer une « véritable logique d’apprentissage » et la mise en place d’un tutorat destiné à « sécuriser la prise de fonction initiale » des nouveaux inspecteurs du travail.
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