Ne plus arriver à vivre ce que l’on est en train de vivre. Sous la pression de l’hyper-productivité, on a fait du temps quelque chose qui se perd ou se gagne. Ce qu’observe Cynthia Fleury.
Travail, loisirs, voyages… Dans une sorte de boulimie généralisée qui touche tous les âges, on cherche sans cesse à gagner du temps. Un temps que l’on emplit d’expériences grisantes. Au XXIè siècle, nous voici sollicités en permanence, joignables à toute heure, capables de courir d’un point à un autre à des vitesses vertigineuses. Ce phénomène d’accélération, Cynthia Fleury en est témoin. Elle qui reçoit en consultation des patients qui viennent « récupérer du temps ». Elle a publié en décembre 2016 « Les irremplaçables » (éd. Gallimard). « C’est une des raisons pour lesquelles les gens viennent en analyse, ils estiment ne plus arriver à vivre ce qu’ils sont en train de vivre. »
UN ÉVÉNEMENT EN CHASSE UN AUTRE
Comment les sujets que nous sommes ne seraient-ils pas touchés par cet emballement du temps, qui prend des proportions folles? Comment ne sommes-nous pas étouffés par l’idée de toujours perdre ou gagner du temps? Cynthia Fleury en constate les effets: beaucoup de ses patients ont le sentiment d’être « automates d’eux-mêmes, de leur vie, de leur expérience ».
Or il faut du temps. Du temps pour rien, pour penser le temps et pour constater qu’en réalité il ne se gagne ni ne se perd. « Il faut du temps, il faut de la digestion, il faut des étapes, mais surtout il faut la conscientisation de ces étapes », affirme la psychanalyste.
DÉ-BORDÉS ET HORS DE SOI
Il faut du temps aussi pour être soi. Quand on a le sentiment d’être « débordé » – le mot est signifiant pour la psychanalyste – c’est que nous souffrons de ne plus avoir cette « enveloppe », cette « frontière ». Cynthia Fleury parle de « principe de solitude », il s’agit de « sentir que c’est soi et non lui ». De réintégrer sa propre vie et « récupérer du sujet ».
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