La douloureuse histoire du psy qui a perdu un patient dans les attentats du 13 novembre

23 novembre 2018 | Stress Travail et Santé

Quelques mois après le 13 Novembre, Caroline Gillet, journaliste, est entrée chez son psy, et au cours de la séance, c’est lui qui s’est mis à raconter. Il lui a parlé de lui, il lui a parlé de l’un de ses patients, il lui a rapporté une histoire bouleversante, terrible, liée aux attentats.

Et en lui racontant cette histoire, il a changé de rôle, de casquette. Il est devenu celui qui raconte. Caroline est redevenue ce qu’elle est par ailleurs dans la vie, dans son métier: celle qui écoute. Elle a posé des questions, elle lui a demandé s’il avait envie de témoigner de ça. Et un peu plus tard, elle est retournée au cabinet avec un micro, qu’elle lui a tendu.
Interroger son psy c’est peu commun. Beaucoup de psy(chiatres/chologues/analystes) sont même réticents à intervenir dans le flot narratif du patient, les plus bavards, souvent, se contentent de quelques questions qui rythment la séance.
C’est l’équilibre traditionnel, qui existe dans un monde traditionnel, ordonné. Le psy(chiatre/chologue/analyste) écoute, analyse, soigne, panse. Et le patient guérit.

Renversement

Le 13 novembre 2015, les attentats de Paris, feront 130 morts et 413 blessés. Cette nuit-là, les hôpitaux de Paris déclenchent le «plan blanc»: une procédure mise en place en cas de situation de crise, pour faire face à l’afflux d’un grand nombre de blessés. Dans les heures qui suivront, une infirmière de l’hôpital Georges Pompidou témoignera :
«On a l’impression d’être pendant la guerre. Moi je suis encore jeune diplômée donc ça ne m’est encore jamais arrivé. J’espère que ça n’arrivera plus jamais. On avait déjà eu Charlie Hebdo. On avait été mis en « plan blanc » mais on n’avait pas reçu beaucoup de victimes. Là c’est la guerre.»
Dans les jours et les semaines d’après les angoisses, problèmes de sommeil, humeurs difficiles accaparent les rescapés, les blessés, leurs familles, mais aussi de simples citoyens pas directement concernés mais affectés par le climat général.
Les soignants sont des deux côtés: ils accueillent les blessés, leurs histoires, leur traumatismes; ils baignent dans le même contexte. Ils soignent parfois en étant blessé. Les psys écoutent en ayant souvent beaucoup à dire. Parfois les mots débordent.
À écouter sur le site www.slate.fr

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