Dans son livre paru jeudi 3 octobre, l’ex-directeur général de la police nationale dresse un bilan inquiétant de l’institution. Il reste cependant confiant et apporte des propositions.
« La police va mal. Très mal. » Au moment où les flics descendent dans la rue, mercredi, pour dire leur colère, l’un de leurs anciens patrons, Frédéric Péchenard, dresse dans « Lettre à un jeune flic » (avec la collaboration de Franck Hériot, Ed. Tallandier, 230 p., 16,90 euros), un livre paru le 3 octobre, un constat alarmant sur une institution « au bord du gouffre ». Pech’, ainsi qu’on le surnomme encore aujourd’hui dans la « maison Poulaga », décrit le manque de moyens, la déconsidération, le surmenage, les suicides … Et pourtant, il incite les jeunes à se lancer dans l’aventure.
Attablé dans un restaurant des Halles tenu par un ancien flic justement, celui qui a été commissaire pendant près de trente ans, évoque des photocopieuses en rade, des toilettes bouchées, des murs qui s’écroulent dans les hôtels de police… Bref, « une police en passe de paupérisation, voire de clochardisation ». Ne craint-il pas d’être tenu pour comptable, au moins en partie, de cet état de fait, lui qui fut directeur général de la police nationale de 2007 à 2012, époque où Nicolas Sarkozy imposait une diminution drastique des effectifs? Péchenard assume.
Il estime en effet que l’enjeu ne réside pas dans le nombre de policiers, mais dans les moyens qu’on leur accorde et les missions qu’on leur confie, à commencer par la maîtrise du terrain et l’accueil du public : « Aujourd’hui, 90 % du budget est consacré à la masse salariale et seulement 10 % va à l’investissement. Résultat : on a plus de policiers qui sont moins bien équipés. »
«Dix défis» à relever
Devenu vice-président de la région Île-de-France, il prône une meilleure répartition des missions et plus d’investissement. Et de pointer « dix défis » à relever, à budget constant. L’élu LR, pressenti un temps sous Macron comme secrétaire d’État, n’a « pas voulu écrire un ouvrage politique » mais « pédagogique », considérant que la sécurité est un bien commun, ni de droite, ni de gauche et déplorant la « médiocrité du débat sur le sujet ».
« Je constate, dit-il, un certain désenchantement dans les rangs, au point d’entendre des policiers dire qu’ils n’ont pas envie que leur fils exerce ce métier. Si j’avais un fils en âge d’être policier, j’aimerais au contraire qu’il le devienne. C’est un métier exceptionnel et passionnant quand on a envie de servir et d’être utile. Ce livre a l’ambition de servir de passage de témoin. »