Risques psychosociaux : la fonction hospitalière surexposée en France

21 octobre 2020 | Stress Travail et Santé

Le 8 septembre 2020, le ministère français du Travail a publié les résultats du volet psychosocial de son enquête « SUMER » réalisée en 2016-2017.

Mis en place dès 1994, ce dispositif vise à surveiller l’évolution des risques professionnels et à évaluer l’effet des politiques de prévention. L’enquête 2016-2017 repose sur un questionnaire qui a permis à 1143 médecins du travail d’interroger de manière détaillée plus de 33 000 salariés.

Les résultats de cette quatrième édition révèlent des niveaux préoccupants de stress professionnel. En pole position des métiers à risque, on retrouve la fonction publique hospitalière où 35 % des travailleurs souffrent d’une « tension au travail ».

Derrière ce concept académique, il faut comprendre que l’environnement hospitalier est caractérisé par une charge de travail élevée et une faible latitude dans la prise de décision – deux facteurs de risque psychosociaux. Cette distinction explique pourquoi les cadres sont les moins exposés (16 %), dans la mesure où l’intensité de leur travail est compensée par les marges de manœuvres dont ils disposent pour faire face à ces exigences. C’est lorsque le travailleur est contraint par des procédures ou des délais stricts que la charge de travail devient source de souffrance, ce qui semble être le cas du personnel hospitalier.

Une analyse plus détaillée révèle que le taux d’exposition s’élève à près de 40 % chez les femmes évoluant dans ce secteur, contre 29 % chez les hommes. Cette tendance se vérifie d’ailleurs dans le secteur privé et dans la fonction publique de l’état.

L’enquête SUMER porte également sur six facteurs de risque supplémentaires et, à nouveau, la fonction publique hospitalière fait figure de mauvais élève. Le personnel hospitalier rapporte le plus de comportements hostiles, méprisants, de dénis de reconnaissance et d’agressions verbales, physiques ou sexuelles. A l’exception de ce dernier facteur, ce sont cette fois-ci les hommes qui sont les plus exposés.

Ces facteurs de risque sont loin d’être anodins. Générateurs de stress, ils ont des conséquences importantes sur la santé des travailleurs. De nombreuses études épidémiologiques ont démontré que le stress au travail entraîne des problèmes cardiovasculaires, des troubles musculosquelettiques et des symptômes dépressifs. Comme le soulignait le Syndicat national des professionnels infirmiers (SNPI) en juillet dernier : « il faut en vouloir pour travailler sous-payé, en sous-effectif, avec des conditions de travail déplorables dans certains endroits ». En effet, le SNPI affirme que 30% des jeunes infirmiers abandonnent la profession dans les cinq ans qui suivent l’obtention de leur diplôme.

Ces résultats démontrent que la crise sanitaire du Covid-19 intervient dans un contexte hospitalier défavorable, et est dès lors susceptible d’exacerber des problématiques préexistantes.

Via le site www.etui.org

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