Aujourd’hui, chacun connaît au moins une personne de son entourage confrontée aux risques psychosociaux liés au travail. Leurs conséquences sur la santé des travailleurs – épuisement professionnel, dépression, anxiété, maladies cardiovasculaires ou troubles musculo-squelettiques – constituent désormais un enjeu majeur de santé publique. Loin d’être des cas isolés, ces troubles traduisent une crise grandissante sur les lieux de travail modernes en Europe.
Les données dressent un constat sans appel. Selon l’EU-OSHA, près d’un tiers des travailleurs européens souffrent de stress, d’anxiété ou de dépression causés ou aggravés par leur emploi, tandis que plus d’un quart estiment que leur santé mentale s’est détériorée à cause du travail. D’après Eurofound, l’épuisement professionnel touche près d’un travailleur sur cinq – jusqu’à 33 % dans certains pays.
Face à cette réalité alarmante, l’Institut syndical européen (ETUI), en coopération avec la Confédération européenne des syndicats (CES), organise une conférence de haut niveau à Bruxelles, le 28 avril 2025, à l’occasion de la Journée internationale en mémoire des travailleurs. Sous le thème « Des données à la directive : faire face aux risques psychosociaux liés au travail dans l’UE », l’objectif est clair : transformer des années de recherche en action concrète en appelant la Commission européenne à adopter une directive sur la prévention des risques psychosociaux (RPS) au travail.
Une protection insuffisante face à une menace bien connue
Bien que les RPS soient reconnus depuis près de 30 ans dans les stratégies européennes de santé et sécurité au travail, ils demeurent largement sous-réglementés au niveau de l’UE. Depuis plus de deux décennies, l’ETUI mène un travail de fond pour documenter ces risques et mobiliser les acteurs politiques. De son premier appel à recherche en 2006 aux réunions annuelles de son réseau d’experts, l’ETUI a sans relâche fait avancer la cause.
Ses projets pluriannuels ont mis en évidence les effets dévastateurs de facteurs tels que la charge de travail excessive, l’insécurité de l’emploi, le manque d’autonomie ou l’absence de soutien. Plus récemment, l’institut s’est penché sur les formes émergentes de travail – télétravail, plateformes numériques, métavers – qui complexifient les risques psychosociaux. Son rapport de 2024 souligne les dangers liés à l’introduction rapide de l’IA et appelle à une approche centrée sur l’humain. Dans un monde du travail toujours plus numérique, les travailleurs sont exposés à des risques accrus : isolement social, surveillance numérique, cyberharcèlement, discrimination, précarité renforcée. Il est urgent de moderniser la législation pour garantir une protection égale à tous, quels que soient le lieu, la forme ou les conditions de leur emploi.
Des secteurs plus touchés que d’autres
Une étude menée par l’ETUI en 2021 a révélé l’impact dramatique des RPS dans les secteurs de la santé et de l’aide à long terme, déjà fragilisés par des années d’austérité. Malgré leur rôle essentiel pendant la pandémie, ces professionnels – majoritairement des femmes – font face à un épuisement émotionnel intense et à des conditions de travail dégradées. Le rapport de 2023 a montré que les femmes, les jeunes travailleurs et les moins qualifiés sont les plus exposés aux mauvaises conditions psychosociales, révélant des inégalités profondes qu’aucune réforme partielle ne saurait corriger.
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Lire la suite, « Le coût de l’inaction« , sur le site www.etui.org
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