Bayrou veut “supprimer deux jours fériés” : 4 risques sous-estimés de cette décision sur la santé mentale des Français, selon les psys

Mise à jour le 22 août 2025 | Stress Travail et Santé

Alors que le gouvernement envisage de supprimer deux jours fériés pour boucler son budget, c’est une autre réalité qui refait surface : celle d’une société à bout de souffle, sommée de faire toujours plus avec moins. Derrière cette mesure budgétaire se cache un indicateur préoccupant de notre santé mentale collective.

« François Bayrou veut supprimer deux jours fériés, le lundi de Pâques et le 8-Mai », révèle France Info ce mardi 15 juillet. Lors de la présentation de son projet de budget pour 2026 qui s’est tenue ce jour, le Premier ministre a proposé de supprimer par « exemple » le lundi de Pâques et le 8 Mai.

Cette proposition budgétaire s’inscrit dans le plan du chef du gouvernement pour économiser, au total, « 43,8 milliards d’euros » en 2026. Si François Bayrou a précisé vouloir « combattre » le « désenchantement face au travail », une telle décision pourrait avoir plusieurs conséquences sur la santé mentale des Français.

1. Une mesure comptable mais une charge mentale plus lourde

La suppression d’un jour férié est présentée comme une nécessité financière. Mais pour les salariés, elle s’ajoute à une série de renoncements silencieux : hausse du coût de la vie, stagnation des salaires, flexibilité imposée. Travailler gratuitement une journée de plus active un sentiment profond d’injustice et d’usure morale, jusqu’à augmenter les risques de burn-out. La 11e classification internationale des maladies, publiée par l’OMS en 2019, affirme que le burn-out « fait spécifiquement référence à des phénomènes relatifs au contexte professionnel et ne doit pas être utilisé pour décrire des expériences dans d’autres domaines de la vie ».

Pour la psychologue du travail Marie Pezé, le burn-out « varie en fonction de ce qui s’est passé au travail. Mais il y a toujours un point commun, un épuisement physique et psychique dû à une souffrance éthique majeure. Le cerveau et le corps finissent par dire stop ». Travailler un jour férié, ce n’est pas seulement perdre un jour de repos, c’est perdre un repère. Un espace de droit.

2. Le travail gratuit et la dévalorisation de l’effort

La “journée de solidarité”, instaurée après la canicule de 2003, avait un sens : aider les plus vulnérables. Aujourd’hui, il s’agirait de financer… un effort militaire. La finalité a changé, la symbolique aussi. Pour beaucoup, cette évolution crée un sentiment de déconnexion entre le travail fourni et la finalité perçue. Derrière, un mécanisme psychologique bien connu : la perte de sens.

Selon le baromètre 2024 du cabinet Empreinte Humaine, 46 % des salariés français disent ne plus percevoir de sens clair dans leur travail quotidien. Ce chiffre grimpe à 57 % chez les jeunes actifs.

Invitée de la rédaction de RCFM en mai dernier, la sociologue Dominique Méda, a rappelé l’importance de respecter « cet arrêt de l’activité » lors du jour férié du 1er Mai. Elle avait notamment conseillé de profiter de cette journée pour « réfléchir sur la place du travail dans nos vies aujourd’hui et la manière dont on pourrait améliorer les choses ».

« La France est dans une sorte de très grave crise du travail aujourd’hui », poursuit la sociologue Dominique Méda.

Lire la suite, « L’effritement du contrat social » et « Une société sans pause est une société en souffrance » sur le site psychologies.com


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