La souffrance psychique en lien avec le travail – Étude de Santé publique France du 5 mars 2024

Mise à jour le 12 mars 2024 | Stress Travail et Santé

La souffrance psychique en lien avec le travail à partir du programme de surveillance des maladies à caractère professionnel : résultats des enquêtes transversales 2013 à 2019 et évolution depuis 2007.

Résumé

Introduction – La souffrance psychique en lien avec le travail (SPLT) constitue un enjeu de santé publique important pour ses conséquences sur la qualité de vie des travailleurs et son coût économique. Des mesures de prévention sont déployées pour partie dans le milieu du travail. Cependant, la souffrance psychique ne figure pas dans les tableaux de maladies professionnelles des régimes de sécurité sociale, et elle est donc peu reconnue en maladie professionnelle.

Méthode – En s’appuyant sur les données issues du Programme de surveillance des maladies à caractère professionnel (MCP), enquêtes transversales répétées reposant sur des médecins du travail volontaires et leurs équipes, les prévalences de la SPLT, ses déterminants socioprofessionnels et les agents d’exposition professionnelle associés ont été calculés de 2013 à 2019 ; les évolutions ont été estimées depuis 2007.

Résultats – La prévalence de la SPLT était deux fois plus élevée chez les femmes, quelle que soit l’année (5,9% chez les femmes contre 2,7% chez les hommes en 2019). Ces prévalences doublaient sur la période 2007-2019 chez les deux sexes. Les troubles anxieux et dépressifs mixtes étaient les affections psychiques les plus fréquemment signalées par les médecins du travail, suivis des troubles dépressifs. L’âge, la catégorie socioprofessionnelle et le secteur d’activité étaient associés à la SPLT de façon robuste.

Discussion-conclusion – L’augmentation des prévalences de la SPLT entre 2007 et 2019 associée à l’absence de tableau de maladie professionnelle dédié confirme l’importance de caractériser la SPLT. Les salariés dont le genre, les catégories socioprofessionnelles et les secteurs d’activité ressortent comme les plus à risque devraient être privilégiés dans la mise en œuvre de mesures préventives.

Conclusion

La mise en place de politiques visant à réduire les inégalités entre les sexes dans les secteurs les plus à risque contribuerait à une répartition plus équitable des expositions professionnelles, et aurait possiblement un impact positif sur la santé mentale des salariées, deux fois plus impactées par la souffrance psychique en lien avec le travail que les hommes. En favorisant des environnements plus égalitaires, le milieu du travail est un cadre d’intervention privilégie afin d’améliorer et promouvoir la santé mentale de toutes et tous.

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