Selon une étude récente, la France arrive en tête en termes de dépressions attribuables au harcèlement moral au travail. Quels liens entre risques psychosociaux au travail et maladie ? Et quelle politique de prévention mener ?
Avec Sylvaine Perragin, psychothérapeute et consultante en entreprise.
D’après une récente enquête, la France occupe la première place en ce qui concerne les cas de dépression dus au harcèlement moral sur le lieu de travail. Quels sont les liens entre les risques psychosociaux en milieu professionnel et les problèmes de santé, et quelles stratégies de prévention peut-on mettre en place ?
Des risques psychosociaux toujours plus visibles
De plus en plus de médecins alertent sur la santé mentale des travailleurs et pointent la hausse des arrêts de travail liés à ces pathologies. Le travail est-il plus pénible qu’auparavant ou serait-il vécu comme une contrainte plus importante ?
Selon Sylvaine Perragin, psychothérapeute et consultante en entreprise, “la pénibilité est différente. Elle était très physique, elle est devenue plutôt psychologique même s’il reste beaucoup de métiers physiques. Aujourd’hui, les gens ressentent ces contraintes psychiques de manière plus aiguë parce que la quête de sens est importante.”
Parmi les troubles psychiques associés au travail, il y a l’épuisement professionnel, ou “burn-out”, qui se manifeste selon la psychothérapeute par “des signes de fatigue, des troubles alimentaires et une perte d’intérêt progressive. Dans ces cas-là, la majeure partie des gens souhaitent continuer à travailler et c’est cela qui peut causer le burn-out.”
Des inégalités entre travailleurs ?
Selon l’Observatoire de l’absentéisme, les risques psychosociaux (RPS) sont la première cause d’arrêt de travail de longue durée. Il apparaît que les arrêts maladies touchent de plus en plus les moins de trente ans ainsi que les cadres, ce qui était peu le cas auparavant.
“La pression est plus forte qu’autrefois. La demande psychologique du travail n’a pas forcément augmenté, mais ce sont souvent les moyens qui ont diminué. Par exemple, la demande de l’hôpital est toujours aussi exigeante alors que les moyens ne suivent pas et cela participe au stress des soignants”, explique Sylvaine Perragin.
Le rythme du travail est un autre facteur explicatif : 77 % des salariés ont un rythme de travail dicté par des tâches à réaliser en moins d’une heure, contre 33 % en 1984, selon une note du Haut-Commissariat au Plan publiée le 12 octobre.
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