Les vétérinaires se suicident 4 fois plus que la moyenne. Une réalité qui s’est vérifiée ces trois dernières semaines en région liégeoise où trois vétérinaires se sont donné la mort. Comment expliquer ce phénomène ?
Pour les trois suicides récents, les motivations qui ont poussé à l’acte viennent de malaise personnel ou de problèmes dans la vie privée. Mais les vétérinaires ont tout de même un rapport particulier qu’ils entretenaient avec la mort. L’euthanasie est un acte qu’ils pratiquent tous très régulièrement. « Le vétérinaire a démystifié la mort et quand il est acculé de problèmes, cette solution-là s’ouvre peut-être à lui, confie Marcel Renard, administrateur de l’Union professionnelle des vétérinaires. D’autant plus que nous avons les produits et l’expérience de ceux-ci. »
Des euthanasies de chats et de chiens, Marie-Laure Doppagne, vétérinaire, en pratique deux ou trois par semaine. « Je pense qu’on a effectivement un rapport différent, affirme-t-elle. Pour nous, la mort est une solution. On est vraiment devenu comme des robots par rapport à la mort. Je pense que ça ne nous atteint pas comme d’autres personnes. »
Les études ne préparent pas à tout
Partout dans le monde, le taux de suicide des vétérinaires est élevé. D’autres explications sont avancées, comme l’obligation de maîtriser énormément de connaissances. Le métier est très prenant et les études sont difficiles mais ne préparent pas à toutes les situations. « On est bien formé pour pratiquer la médecine vétérinaire, mais pas pour gérer un cabinet, la clientèle, des situations difficiles… »
Mieux préparer l’entrée dans la vie professionnelle, l’Université de Liège y travaille. C’est d’ailleurs l’objectif d’un séminaire à l’attention des étudiants de première année. Le risque de suicides multiplié par quatre, ils y sont exposés dès leurs études. « On est très attentif au fait d’écouter les étudiants, à essayer de détecter chez eux des signes de malaise ou de stress éventuels, explique Hélène Amory, professeur de médecine équipe à l’Université de Liège. Plusieurs professeurs donnent leur numéro de GSM et disent aux étudiants qu’ils peuvent les appeler quand ils le veulent. »
Parmi les recommandations qu’ils ont reçues, il y a le fait de ne pas se lancer dans le métier en tant qu’indépendant tout seul et de privilégier plutôt les associations professionnelles.
Via le site www.rtl.be