Un article du Huffington Post
Alors que 30 fonctionnaires de la police nationale ont déjà mis fin à leurs jours en 2022, la direction de l’institution veut former ses agents à détecter les signaux d’alerte.
SOUFFRANCE AU TRAVAIL
Une barbe mal rasée, une soudaine agressivité, des retards répétés…. Les premières “sentinelles” de la police, chargées de déceler ces “signaux d’alerte” chez leurs collègues en souffrance, commencent à être formées avec l’espoir d’enrayer enfin les vagues de suicides qui endeuillent l’institution depuis vingt-cinq ans.
Or comme l’ont déploré les syndicats policiers et les associations, la fin du mois de mai a effectivement été marquée par une succession de drames dans les rangs des forces de l’ordre, deux gendarmes et deux policiers se suicidant à quelques jours d’intervalle. Cela près de trois ans après une mobilisation historique des fonctionnaires pour réclamer davantage de moyens pour lutter contre le suicide, et un an après que le sujet a été remis sur la table à l’occasion du Beauvau de la sécurité.
Mais en ce début du mois de juin, pendant deux jours, treize policiers et agents administratifs (huit femmes, cinq hommes) ont suivi l’une des premières formations organisée à Vélizy-Villacoublay, dans les Yvelines, au siège de la direction zonale des CRS Paris.
CRS, sécurité publique, police judiciaire, DGSI… Les stagiaires représentent tous les métiers de la police: aucun n’est épargné par les suicides. Ils ont été “repérés comme ayant des profils empathiques et à l’écoute”, explique le policier Rafael Allard, co-animateur de la formation.
Un objectif de près de 2.000 “sentinelles” formées d’ici la fin de l’année
Parmi eux, Olivier s’est porté spontanément candidat. Ce major, en poste à Enghien-les-Bains, dans le Val-d’Oise, a connu il y a cinq ans un burn-out suivi d’une dépression. “J’ai eu deux affaires de viol sur des enfants de 4 ans en une semaine, ça m’a anéanti”, confie ce quinquagénaire. Il passe alors quatre mois au château du Courbat, en Indre-et-Loire, spécialisé dans l’accueil des forces de l’ordre en souffrance psychologique, et réussit à remonter la pente.
“Depuis mon passage, j’ai envoyé plusieurs collègues là-bas, j’ai déjà fait un peu la sentinelle”, glisse-t-il.
D’autres comme Marc, en poste dans une PJ de région parisienne, ont été proposés par leurs chefs de service. “Ils m’ont rassuré et m’ont dit que je ne serai pas responsable s’il devait se passer quelque chose”, raconte le policier, président de l’Amicale de son service.
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