Médecins hospitaliers en souffrance

Stress Travail et Santé, Suicide Au Travail

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Extraits du livre du créateur de l’association Jean-Louis Mégnien, qui lutte contre le harcèlement à l’hôpital.

Le suicide du Pr Jean-Louis Mégnien, le 17 décembre 2015, à l’hôpital européen Georges-Pompidou (HEGP), à Paris, a levé le voile sur le harcèlement et les abus de pouvoir dont sont victimes certains soignants. Dans les semaines qui ont suivi ce drame, le Pr Philippe Halimi, chef du service de radiologie de l’HEGP et ami personnel du Pr Mégnien, a créé une association pour venir en aide aux soignants en souffrance. Il affirme avoir reçu depuis « plus de 400 signalements » – un chiffre certainement en deçà de la réalité, selon ce médecin, « car beaucoup de personnels harcelés hésitent à se manifester, par peur des représailles ».
Au-delà du soutien aux victimes, l’association œuvre pour « mettre un terme à ces pratiques dégradantes » et pour « faire respecter l’état de droit dans les hôpitaux ». Pourtant, rien ne change, ou si peu. L’actualité continue d’être émaillée de suicides – ou de tentatives de suicide – d’internes, d’infirmiers et de médecins. Alors, pour « intensifier encore » son combat, le Pr Halimi publie aujourd’hui un livre (1), véritable autopsie des maux de l’hôpital, cosigné avec le Pr Christian Marescaux, ancien neurologue à Strasbourg et lui-même poussé à bout par un management délétère. Pour mieux comprendre ce qui se joue aujourd’hui dans les établissements de soins, les auteurs font intervenir un psychiatre et une avocate. Ils sont aussi allés à la rencontre d’Edouard Couty, le médiateur national nommé pour tenter d’apaiser les conflits, mais dont les moyens sont plus que réduits face à l’ampleur de la tâche.
Ils ont également ausculté l’École des hautes études en santé publique, qui forme, à Rennes, les dirigeants des hôpitaux, et ont enquêté sur le drame qui s’est joué à Grenoble à la fin de l’année dernière, avec le suicide d’un jeune et brillant neurochirurgien. Ils rappellent, enfin, leurs propositions pour « arrêter la destruction de l’hôpital public » – réclamant, notamment, des sanctions pour les harceleurs, trop souvent « maintenus dans leur poste, voire promus ».
Et, surtout, ils font témoigner sept médecins, qui racontent dans le détail leur descente aux enfers. Des récits bouleversants, qui montrent aussi à quel point les patients paient le prix fort face aux errements du management hospitalier.

« Les urgences sacrifiées »

Témoignage du Dr Thibault Liot, ex-médecin urgentiste en Seine-et-Marne.
« Quand je suis nommé chef de service en septembre 2013, cela fait dix ans que j’exerce dans cet hôpital. Un mois plus tard, je suis nommé chef de pôle des services du Samu-Smur-Réanimation et Urgences. Très vite, je vais noter des dysfonctionnements au sein de l’établissement, avec des répercussions directes sur les services. En réalité, je me sens être un faux nez, un passe-plat : je dois appliquer des décisions et des choix décidés par la hiérarchie, sans que je sois consulté en amont, et assumer les conséquences et les responsabilités si ça ne marche pas correctement. Cela ne correspond pas du tout aux fonctions de chef de service et de chef de pôle mentionnées sur l’arrêté de nomination pour lesquelles je m’étais engagé. Ce fonctionnement est une des conséquences directes de la loi HPST [loi datant de 2009, donnant notamment beaucoup plus de pouvoir aux directeurs d’hôpitaux NDLR] : le responsable se défausse sur le subalterne qu’il peut briser quand il le veut. Personne ne le lui reprochera. […] …
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