Sept dirigeants de l’opérateur sont jugés depuis le 6 mai. Ils sont accusés d’avoir mené « une politique visant à déstabiliser les salariés », qui serait à l’origine de plusieurs suicides. 19 suicides ont été retenus par le tribunal.
Dans quelques semaines, la présidente de la 31e chambre correctionnelle du tribunal de grande instance de Paris (TGI) et ses deux assesseurs, devront déterminer ce qui, dans les nombreux témoignages et documents examinés, relève ou non du « harcèlement moral ».
Aussi, ils auront la lourde charge d’examiner la situation des trente-neuf personnes victimes retenues dans ce dossier dont dix-neuf se sont donné la mort. Selon l’instruction, le mode de management de France Télécom entre 2007 et 2010 serait à l’origine de ces drames humains.
Ces victimes pourtant si nombreuses, sont encore au bout de trois semaines d’audience, les grandes absentes du procès. « C’est difficile pour les proches d’en parler, explique Me Labonnélie, avocat d’une partie civile. Certains même plus de dix ans après les faits, sont encore trop atteints psychologiquement et d’autres ont préféré tourner la page pour se donner une chance d’avancer. »
Nous avons souhaité raconter un bout de leur histoire.
1. Jean-Marc Regnier, 48 ans. Technicien fonctionnaire de l’établissement de Longwy en Meurthe-et-Moselle. Le 29 avril, la médecine du travail délivre un arrêt maladie à cet homme passionné de pêche qui souffre de « stress professionnel, d’angoisses et d’insomnies ». Cela ne suffit pas à apaiser sa souffrance. Dans la nuit du 3 au 4 mai, il prend sa voiture direction la frontière Belge et se donne la mort. Il a laissé quelques mots à son épouse?: « j’en ai plein la tête, je souffre de trop ».
2. Robert Perrin, 51 ans. Technicien de l’Unité d’Intervention de la Direction Territoriale à Strasbourg en Alsace. Depuis février 2008, l’homme est en arrêt maladie pour dépression. À bout, il se tue le 17 mai 2008. Dans deux courriers à sa famille, il témoigne de son mal-être?: « Je n’arrive plus à manger, mes nerfs sont de plus en plus incontrôlables. Je suis faible et je n’ai plus le goût à la vie… plus rien ne m’intéresse (…) Je souffre trop physiquement et les médicaments m’abrutissent. Je demande pardon à toute ma famille pour ce geste. »
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