A quoi rêvent les robots ?

Emploi et Chômage

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Les robots sont parmi nous. Partout.

Dans la série de science-fiction Real Human (Lars Lundström, 2012), des robots humanoïdes dopés à l’intelligence artificielle, les Hubots, effectuent tous les travaux pénibles et routiniers et exercent de nombreux métiers dans les services : magasinier, aide-soignant, personne de ménage, majordome, chauffeur, coursier, assistant de personne, télé-marketing, prostitué(e). La plupart des humains se sont défaussés sans regret de ces emplois. Seule une minorité s’oppose aux Hubots, des employés mis au chômage qui ont décidé de les détruire comme faisaient les ouvriers « luddistes » du début du XIXe siècle, canuts lyonnais ou tisserands anglais, avec les métiers à tisser. Car le robot est toujours un voleur de travail.

Nous aurions tort de croire qu’en 2015, nous sommes très éloignés de ce scénario de science-fiction. Des études convergentes montrent que de nombreux emplois réservés aux Hubots sont déjà robotisés. Nous ne le percevons pas clairement du fait que ces robots ne sont pas humanoïdes. Mais ils sont omniprésents. Le Hubot ouvrier 2015 est une machine-outil équipée de plusieurs bras et de puces de radio-détection qui lui permettent de choisir ses outils. Le Hubot coursier est un drone de basse altitude : chez Amazon, on en teste pour la livraison rapide, jusqu’ici assurée par des hommes. Le Hubot aide-soignant s’appelle Tug : c’est une table roulante équipée d’un œil électronique qui rappelle le R2D2 de La Guerre des Etoiles. Présent dans 140 hôpitaux américains, Tug délivre à la demande des médicaments, de l’eau fraîche et des repas.

La robolution : la révolution de la robotisation
Ces robots habiles et autonomes sont des figures de l’actuelle «robolution» : la révolution par la robotisation de l’outil de travail – laquelle devient de plus en plus performante et rapide, participant de la rationalisation et de l’accélération générale des processus de production. Les économistes voient cette nouvelle étape de l’automatisation comme une des roues motrices de la «troisième révolution industrielle», comme l’appelle le prospectiviste Jeremy Rifkin.

«La première révolution commence avec la machine à vapeur, qui a remplacé et décuplé la force de travail des ouvriers, explique Bruno Bonnel, l’inventeur du néologisme « robolution», responsable du plan «Objets connectés» auprès du gouvernement, un des 11 programmes destinés à réindustrialiser le pays. La seconde, celle du XXe siècle, a vu la mécanisation des chaînes de travail, symbolisée par Les Temps Modernes de Chaplin, où l’ouvrier devient un rouage.

Aujourd’hui, cette automatisation générale rencontre la numérisation. C’est la « robolution ». Depuis les années 2000, dans toutes les usines, on numérise les machines-outils, on les équipe de processeurs, de capteurs, de nano-moteurs. Elles deviennent intelligentes et multi-tâches. Elles communiquent entre elles, si bien que les ateliers se synchronisent. Peu à peu, l’ensemble de la production industrielle entre en réseau : depuis la fabrication des biens jusqu’au stockage, la distribution et la vente, elle s’auto-organise, en temps réel, via l’Internet des objets, grâce au cloud computing et la géolocalisation. Le règne des entreprises toutes robotisées est annoncé.

Avec, bien sûr, de moins en moins d’hommes pour les faire tourner.

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