Antoine part travailler avec le sourire. Même à 5 heures du matin. Depuis l’automne, il enchaîne des missions d’intérim dans l’un des quatre sites d’Amazon France. Il ouvre des colis, scanne les articles, les dépose dans un chariot.
« On est debout et on tourne tout le temps sur soi-même, c’est prise de tête », dit-il, le regard doux. Sans se plaindre : « Ce n’est pas si dur », et l’ambiance « américaine » lui plaît. « Ça fait du bien de travailler, insiste-t-il. J’ai l’impression de voir le bout du tunnel. »
Car ses réveils n’ont pas toujours été simples. Orienté vers un CAP maçonnerie qui ne lui plaît pas, il entre à 18 ans dans un établissement pour l’insertion dans l’emploi. Uniforme, discipline, Marseillaise. Et chômage à la sortie. Il bénéficie aujourd’hui de la « garantie jeunes », un dispositif d’accompagnement des moins de 26 ans les plus précaires.
Yannick, 21 ans, cheveux coupés ras sur les côtés du crâne, a décroché après un bac électrotechnique. Il s’est réorienté vers la logistique, a suivi une formation de préparateur de commandes, effectué plusieurs stages. Notamment dans un « drive » Leclerc, à deux heures de bus de chez lui. « Quand on a des enfants, un travail, ce n’est pas évident d’aller faire les courses. Au “drive”, je me sens utile », se réjouit-il. Mélina, blonde menue aux jeans lacérés, n’a pas trouvé d’emploi dans le commerce. Alors elle avale les kilomètres de rayonnage dans un entrepôt Kiabi.
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