New-York, États-Unis — Avec un suicide (« réussi ») chaque jour, les médecins américains ont un taux de suicide plus élevé que dans toutes les autres professions.
En outre, le nombre de suicides chez les médecins est de 28 à 40 pour 100 000, soit plus du double de celui de la population générale, selon une nouvelle étude présentée au congrès annuel de l’American Psychiatric Association (APA) 2018 [1] et rapportée par nos confrères américains de Medscape.
L’analyse des résultats montre que les médecins qui mettent fin à leur vie de cette façon souffrent souvent de dépression ou de maladies mentales non traitées ou sous-traitées, ce qui souligne la nécessité d’une intervention précoce, a déclaré le Dr Deepika Tanwar, (Psychiatric Program, Centre Hospitalier de Harlem, New York), à Medscape Medical News.
« Très surprenant », ce taux de suicide parmi les médecins est plus élevé que celui retrouvé au sein de l’armée, alors que les militaires font un métier considéré comme particulièrement stressant, a commenté le Dr Tanwar.
Troubles de l’humeur, alcoolisme et toxicomanie en tête
En utilisant MEDLINE et PubMed, les chercheurs ont passé en revue de façon systématique la littérature portant sur le suicide chez les médecins, soit les articles publiés dans des revues à comité de lecture au cours des 10 dernières années. L’analyse a montré que le taux de suicide chez les médecins est de 28 à 40 pour 100 000 alors que dans la population générale, le taux global était de 12,3 pour 100 000.
Etonnamment, les résultats montrent également que bien que les femmes médecins fassent moins de tentatives de suicide que les hommes dans la population générale, quand elles passent à l’acte, leur taux de « réussite » dépasse celui de la population générale de 2,5 à 4 fois et équivaut à celui de leurs homologues masculins.
Les experts essaient de comprendre pourquoi les taux de suicide sont si élevés chez les médecins, a déclaré l’oratrice, tout en soulignant que leur analyse de la littérature montre que les troubles de l’humeur, l’alcoolisme et la toxicomanie figurent parmi les diagnostics les plus courants.
Une étude a montré que la dépression touche environ 12% des hommes médecins et jusqu’à 19,5% des femmes médecins, une prévalence comparable à celle de la population générale. Avec toutefois une fréquence plus élevée chez les étudiants en médecine et les internes, chez qui l’on retrouve 15% à 30% de dépistage positif pour les symptômes dépressifs, précise-t-elle.
Stigmatisation
Le problème ne se limite pas à l’Amérique du Nord. Des études menées en Finlande, en Norvège, en Australie, à Singapour, en Chine, et ailleurs ont aussi montré une augmentation de la prévalence de l’anxiété, de la dépression et de la suicidabilité chez les étudiants en médecine et les praticiens.
La peur de la stigmatisation, a déclaré la chercheuse, constitue un obstacle majeur à la recherche d’un traitement médical, en faisant référence à une étude dans laquelle 50% des 2106 femmes médecins qui ont rempli un questionnaire sur Facebook ont ??fait des réponses indiquant des problèmes de santé mentale, mais étaient réticentes à demander une aide professionnelle en raison de la peur de la stigmatisation.
Cette nouvelle analyse montre que l’empoisonnement et la pendaison sont parmi les moyens les plus courants de suicide chez les médecins. Les résultats suggèrent également qu’une meilleure connaissance et un accès plus facile aux moyens létaux peuvent expliquer le taux de « réussite » des suicides chez les médecins.
Autre information issue de cette analyse : la psychiatrie bat toutes les spécialités médicales en termes de taux de suicide.
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1. American Psychiatric Association (APA) 2018. Résumé 1-227, présenté le 5 mai 2018.