La science aussi a son machisme ordinaire

Femmes Au Travail, Harcèlement Sexuel

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A se dire que la science passe son temps à combattre les a priori et les biais de pensée, que des personnes éduquées lui tracent un chemin d’intelligence et de finesse, on en finit parfois par croire, non sans une grande naïveté, qu’elle est exempte des clichés sexistes les plus grossiers. Heureusement – ou hélas ! –, aux candides la réalité vient régulièrement remettre les pieds sur terre ou dessiller les yeux.

Dernier exemple en date, la mini-tempête qu’a soulevée sur Twitter, les 29 et 30 avril, la généticienne britannique Fiona Ingleby (université du Sussex) en dévoilant une scène de machisme ordinaire d’autant plus stupéfiante et ignoble qu’elle s’est produite dans le cadre très officiel et très organisé de l' »évaluation par les pairs » (peer review en anglais), ce dispositif par lequel les revues scientifiques font relire et évaluer par des spécialistes les études que le monde de la recherche leur adresse.
Que s’est-il passé ?
Avec sa consœur Megan Head, biologiste à l’Australian National University, Fiona Ingleby a conçu et rédigé une étude consacrée aux différences de traitement entre hommes et femmes dans le délicat passage de la thèse au post-doctorat, qui marque la véritable entrée dans la carrière de chercheur(se). L’article a été envoyé à une revue. Celle-ci l’a confié à un relecteur qui n’a pas recommandé sa publication à l’éditeur. Jusque là rien que de très banal, car, à l’instar des maisons d’édition, les journaux scientifiques refusent tous les jours des articles. Une chose n’était pas du tout banale en revanche, à savoir les motivations sous-jacentes de ce refus, qui figuraient dans le compte-rendu de relecture – non-signé car le peer review est le plus souvent anonyme.
Selon Fiona Ingleby, qui a été interviewée par le site Internet de Science, les critiques principales restent vagues – parlant d’un travail « méthodologiquement faible » – et peu constructives, sauf sur un point. Comme on peut le voir ci-dessous, dans la copie d’un des « tweets » envoyés par la chercheuse le 29 avril et repris plus de 2 100 fois au moment où j’écris ces lignes, le relecteur écrit qu’il serait probablement « bénéfique de trouver un ou deux biologistes masculins avec lesquels travailler (ou du moins d’obtenir d’eux qu’ils relisent l’étude ou, mieux encore, qu’ils en soient les actifs co-signataires) », de manière à empêcher le manuscrit de s’écarter trop loin des données et de glisser vers « des hypothèses idéologiquement biaisées ». En clair, selon cette personne, le travail aurait été meilleur et plus rigoureux si des hommes y avaient participé.

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