Certificat de spécialisation en philosophie sociale du travail

Formation

Partager cet article :

Haud Guéguen, Éric Hamraoui

Cette certification s’adresse à toute personne ayant suivi des enseignements de master 2 et désireuse de croiser les champs de l’analyse psychologique, ergonomique, sociologique ou technique du travail avec celui de la philosophie sociale.

Elle sera validée par la remise d’un travail d’une dizaine de page traitant l’un des sujets de réflexion proposé par les enseignant.e.s responsables à l’issue des cinq unités d’enseignement suivantes :

UE PSY 201 : Le travail du courage

L’intitulé du cours renvoie aussi bien à la définition du courage mobilisable dans chaque situation de travail qu’à celle de son dynamisme interne et de sa mise à l’épreuve permanente. Le courage ne saurait, en effet, relever d’un acquis ou d’une compétence certifiée. Il est tout autant génie de la persévérance qu’art des commencements. Originellement défini comme contradiction entre ardeur et mesure, principe d’unification des éléments épars d’un bouillonnement affectif, le courage est toujours enfant d’une situation. Jamais absolu, il demeure pourtant une vertu faisant l’objet des plus hautes attentes et exigences. Cela non sans nourrir quelques fantasmes moraux et politiques et susciter des attentes de reconnaissance.
Or, disait Plotin : « Celui qui fait un acte de courage n’a pas conscience qu’il agit en conformité avec la vertu de courage, au moment où il accomplit son acte. »

UE PSY 204 : Le travail sans le corps ?

Sous couvert d’aider l’individu « autonome » à s’affranchir des limitations de son corps à travers la recherche d’une augmentation de sa vitalité, la nouvelle organisation du travail tend à le priver de tout rapport sensible à lui. Elle ignore la nécessité, mise en lumière par la philosophie de Maine de Biran (1766-1824), d’un contact de l’esprit avec la zone du sentiment. Contact en l’absence duquel l’esprit se brutalise. Le nouveau contexte de travail méconnaît également la distinction sans séparation, également établie par Biran, entre la vie physiologique, ou domaine de la seule vitalité des fonctions organiques, et la vie de la pensée, ou sphère de la «vie active», en réduisant la compréhension des lois de la seconde à celle des automatismes de la première. Il fait de même abstraction du caractère « habitué », mais toutefois non programmable, de la pensée, qui relève du « temps du moi », incompatible avec les règles d’un management ignorant les singularité de l’agir humain et la fonction anthropologique du travail qui suppose l’engagement du corps.

UE CS83 (ex CCE 111) : Reconnaissance et communication

Cette UE vise à répondre à deux interrogations qui formeront les deux moments principaux du cours. Dans un premier temps, il s’agira de se demander pourquoi nous avons besoin de reconnaissance, ce qui nous conduira à tâcher d’identifier les ressorts anthropologiques permettant de rendre compte de ce « besoin vital de reconnaissance » (Charles Taylor). Après quoi, il s’agira d’interroger les raisons pour lesquelles autant de personnes se plaignent aujourd’hui de n’être pas reconnues, en réfléchissant par conséquent aux mécanismes sociaux pouvant induire des situations de non-reconnaissance – que ce soit dans le champ du travail, de la sphère intime ou de l’espace public.

UE PSY 209 : Travail et technique

Il s’agira dans cette UE d’analyser le lien intime que le travail et l’activité
entretiennent à la technique à deux niveaux principaux. Tout d’abord, un niveau générique et pour ainsi dire transhistorique, et ceci en nous attachant à la façon dont toute pratique, du fait même de son inscription dans un environnement matériel, suppose toujours et nécessairement la médiation de techniques déterminées. Puis, un niveau plus directement axé sur notre présent, qui nous conduira à réfléchir en particulier à la façon dont les nouvelles technologies de l’information et de la communication – dont l’émergence doit elle-même être rapportée à un certain nombre de transformations sociales – altèrent sous certains aspects nos façons de travailler et de travailler avec les autres. Adoptant ici une perspective critique (ne consistant pas à réduire ces transformations à leur dimension négative ou préjudiciable, mais à pointer leurs ambivalences), nous réfléchirons alors à la façon dont un certain nombre d’auteurs ont pu montrer que ces transformations techniques invitaient à reconsidérer certains des thèmes centraux de la critique sociale et/ou culturelle (aliénation, exploitation, réification, rationalisation, etc.) et à penser leur actualité au XXIe siècle.

UE PSY 210 : Le travail vu par les philosophes (atelier de lecture de textes)

Cet atelier de lecture de textes philosophiques portant sur la question du travail et de l’activité vise deux objectifs principaux. Étant relié aux autres modules du Certificat de spécialisation en philosophie du travail, il entend d’abord permettre une compréhension approfondie de certaines positions philosophiques concernant, par exemple, la place, le statut ou encore la définition des concepts de travail et d’activité. Et par ailleurs, il se veut également l’occasion d’un apprentissage de la lecture de textes de philosophie souvent réputés – et parfois à juste titre – d’accès difficile. Mais, en proposant un espace collectif de lecture de textes philosophiques, il ne s’agit bien entendu pas d’appréhender les textes comme des monuments qui n’auraient plus rien à dire de notre présent : il s’agit au contraire d’en faire le point de départ pour une réflexion sur le travail et l’activité aujourd’hui, et en tant que leur compréhension engage avec elle celle, plus large, de la société et du politique.

NB. Les deux premières UE (PSY 201, PSY 204 et PSY 210) sont enseignées par Eric Hamraoui, les deux secondes (CS83, PSY 209 et PSY 210) par Haud Guéguen. L’UE PSY 210 est conjointement animée par Haud Guéguen et Eric Hamraoui – sauf en 2020-2021 en raison de l’absence de Haud Guéguen en congé de préparation de son habilitation à diriger les recherches, du 1er septembre 2020 au 1er mars 2021.

Attendu pour le public à l’issue du parcours :

L’acquisition des moyens de se forger un point de vue philosophique sur la nature des transformations actuellement en cours dans le monde du travail compris dans son rapport avec celui des sciences, des techniques et de la politique.

Publics concernés :

Toute personne ayant suivi des enseignements de master 2, intéressée par le développement d’un point de vue philosophique sur la question du travail, comprise dans ses rapports avec celles de la technique et du politique.

Perspectives de développement :

Outre la réponse à des attendus de nature épistémologique, ce certificat de spécialisation constitue une base institutionnelle indispensable à la co-construction de partenariats avec d’autres Centre du CNAM en région (Lille) et des établissements ou structures d’enseignement supérieur parisiens tels que le Centre d’ergonomie et d’écologie humaine de l’université Paris 1, le Centre Sophiapol de l’université Paris X, Science Po et tout établissement d’enseignement supérieur intéressé.

Validation :

La certification sera obtenue à l’issue de la validation des cinq UE suivantes:

  • « Le travail du courage » (PST 201) ;
  • « Le travail sans le corps » (PST 204) ;
  • « Reconnaissance et communication » (CS 83) ;
  • « Travail et technique » (PSY 209) ;
  • « Le travail vu par les philosophes (atelier de lecture de textes) » (PSY 210).

Cette validation reposera sur la base de la remise d’un travail d’une dizaine de pages traitant d’un des sujets de réflexion soumis par l’enseignant.e à l’issue de l’enseignement semestriel de chaque UE décliné en quatorze séances de trois heures. Un diplôme de certification sera délivré une fois l’ensemble des UE validées.

Coordonnées :

Voir la fiche de présentation sur le site du CNAM : https://formation.cnam.fr

A lire dans le magazine

Réseaux Sociaux

Suivez-nous sur les réseaux sociaux pour des infos spéciales ou échanger avec les membres de la communauté.

Aidez-nous

Le site Souffrance et Travail est maintenu par l’association DCTH ainsi qu’une équipe bénévole. Vous pouvez nous aider à continuer notre travail.