Le chômage a touché 58% des jeunes entrés sur le marché de l’emploi en 2010

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Une enquête d’insertion professionnelle menée en 2013 par le Cereq montre que seuls 59% des emplois de la «génération 2010» sont des CDI et que le diplôme est toujours un atout sur le marché du travail.

«La jeunesse n’est qu’un mot». En citant Pierre Bourdieu dès l’ouverture de la présentation de la dernière étude d’insertion professionnelle du Centre d’études et de recherches sur les qualifications (Céreq), qu’il dirige, Alberto Lopez annonce clairement les disparités de situation constatées.
Premier constat, la précarité des emplois trouvés par ces jeunes. Ainsi, seuls 59% des emplois occupés par les jeunes 3 ans après leur entrée sur le marché du travail sont des emplois à durée indéterminée (CDI ou fonctionnaires). Les jeunes, et plus particulièrement les moins diplômés, pâtissent fortement des effets de la crise. Il apparaît clairement que les inégalités professionnelles persistent selon le genre, les origines socio-professionnelles voire géographique à l’entrée au début de la vie active.
Certes «91% des jeunes ont travaillé au cours de leur trois premières années de vie active». Mais au total, 58% des jeunes de la «génération 2010» ont connu le chômage depuis la fin de leurs études. Parmi eux, 28% des jeunes sans diplômes ont connu une période de plus de 2 ans.
Les inégalités socioculturelles restent importantes
«L’effet du diplôme est toujours aussi manifeste» veut rassurer le Céreq. Plus le niveau de diplôme augmente, plus les jeunes s’insèrent facilement sur le marché du travail et à l’inverse, la crise pénalise fortement les jeunes les moins diplômés et creuse les inégalités. Ainsi, 40 % des jeunes qui sont entrés sur le marché du travail sans diplômes en 2010 sont en situation de chômage ou d’inactivité durable, soit deux fois plus que les jeunes diplômés de CAP-BEP. Au contraire, les diplômés de l’enseignement supérieur, sans être épargnés, sont moins de 5 % à rester aux marges de l’emploi au cours des trois ans. Exception notable, les diplômés bac +2/3 du secteur «santé social» ont un accès durable à l’emploi de 95%, taux plus élevé encore que celui des doctorants (86%).
Selon l’étude du Céreq, l’origine sociale «pèse toujours sur le devenir professionnel» des jeunes. Ceux issus d’une famille de cadres ont des trajectoires nettement plus avantageuses: 71 % d’entre eux ont accédé rapidement et durablement à l’emploi, contre 55 % des jeunes issus d’une famille d’ouvriers ou d’employés et contre 51 % pour les jeunes issus de l’immigration. Trois ans après son entrée sur le marché du travail, un enfant de cadre a quatre fois plus de chances d’être cadre à son tour qu’un enfant d’ouvrier. Surtout, on observe des inégalités d’accès à un poste de cadre à diplôme égal. A bac+5 ou plus, 72% des jeunes dont les deux parents sont cadres sont devenu cadres eux-mêmes. Ce taux tombe à 60% pour les individus de niveau équivalent dont les parents sont ouvriers ou employés.
Accéder à un emploi s’avère toujours plus difficile pour les jeunes issus de l’immigration. À tous les niveaux de sortie, quel que soit leur sexe, les jeunes issus de l’immigration (13 % de la génération) connaissent des débuts plus chaotiques que les autres et suivent davantage une trajectoire aux marges de l’emploi. Pour ce qui est des jeunes qui résidaient en zone urbaine sensible (ZUS) à la fin de leurs études, trois ans après leur sortie, leur taux de chômage est de 34 %, soit 12 points de plus que celui des autres jeunes de la génération 2010. Là encore, les difficultés d’insertion renvoient en bonne partie, mais en partie seulement, aux faibles niveaux de diplôme.
Lire la suite : Des inégalités salariales hommes/femmes à tous les niveaux ; 67% des jeunes ayant un travail sont satisfaits de leur situation sur le site du Figaro Étudiant

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