Alors que les médecins s’inquiètent de la multiplication des cas de burn-out, Pierre-Yves Gomez analyse les causes du mal-être au travail.
Pierre-Yves Gomez est le directeur de l’institut français de gouvernement des entreprises. Co-initiateur du Courant pour une écologie humaine, il a récemment publié «Le Travail invisible. Enquête sur une disparition» (François Bourin, 2013).
Le travail n’est pas une variable d’ajustement, c’est le cœur de la vie sociale. Plutôt que comme un coût, le travailleur demande à être considéré avec bienveillance. Les premières Assises de l’écologie humaine, qui auront lieu à Paris le 6 et 7 décembre, aborderont la question du travail avec un regard positif.
Les Assises de l’écologie humaine sont ouvertes à tous ceux qui ont la conviction que la personne humaine doit être la mesure et la fin de toute action économique, sociale ou politique. Le point de vue de l’écologie humaine permet de porter un regard neuf sur un sujet devenu critique dans notre société menacée d’épuisement et de perte de sens.
Le travail a une dimension anthropologique fondamentale. Il permet au travailleur de fabriquer ce qui est utile à d’autres. Il l’intègre ainsi dans une vie sociale. Orienté vers un but, le travail manifeste l’intelligence humaine et sa capacité d’agir lorsque l’environnement le contraint, comme l’a admirablement montré Simone Weil dans son Journal d’usine. Travailler humanise. C’est pourquoi être empêché de travailler est pour beaucoup un drame. Mais le travail s’accomplit nécessairement dans des conditions matérielles particulières: une intensité et des rythmes, des objectifs et des cadences, des coopérations ou des compétitions. Il est alors possible que, au lieu que le travail soit un moyen de s’accomplir dans son humanité, les conditions du travail limitent les capacités et déshumanisent.
C’est dans ce dilemme que s’inscrit en grande partie le malaise de notre société. Depuis deux décennies, les conditions du travail se sont dégradées dans nos sociétés occidentales. Bien sûr, le travail est physiquement moins pénible et l’on travaille moins que par le passé. Mais l’activité humaine est devenue si divisée, si contrainte par des systèmes techniques, des normes et des contrôles financiers que le sens du travail se perd: le salarié ne voit plus le lien entre les performances souvent quantitatives exigées de lui et l’intérêt final pour le client…
Découvrez l’intégralité de la tribune de Pierre-Yves Gomez dans le Figaro du 5 décembre.
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