Le procès qui se tient à Lausanne jusqu’en juin prochain permet d’effectuer une plongée inédite dans les coulisses de Nestlé.
Le géant de l’alimentation est traîné en justice pour harcèlement moral par Yasmine Motarjemi, ancienne haut responsable de la sécurité alimentaire de 2000 à 2010. Elle avait été entendue le 1er décembre. Mercredi 16 décembre, quatre hauts dirigeants de Nestlé dont le PDG Paul Bulcke ont témoigné. Retour sur cette histoire hors norme.
Il y a tout juste un an, invité au Forum des Nations unies sur les entreprises et les droits de l’homme à Genève, Paul Bulcke, le PDG de Nestlé, avait livré un vibrant discours sur les « valeurs » du géant alimentaire qui, disait-il, se résumaient à un seul mot : « le respect de la personne », expliquant alors que « la confiance et la transparence » devaient être « au cœur de l’entreprise ».
Mais ce mercredi 16 décembre, c’est dans un tout autre décor que le grand patron a pris la parole. Il était entendu devant la Chambre patrimoniale cantonale du Tribunal d’arrondissement de Lausanne dans le cadre d’un procès pour harcèlement moral et psychologique intenté contre Nestlé par Yasmine Motarjemi, une ancienne haut responsable de la sécurité alimentaire, employée au siège de Vevey de 2000 à 2009. Une affaire où il n’est question ni de transparence, ni de respect, mais d’accusations très lourdes et documentées sur la manière dont la multinationale a littéralement pourri la vie de son ancienne vice-directrice du département Qualité au siège de Vevey, à mesure qu’elle dénonçait de lourds dysfonctionnements au sein de l’entreprise. Puis l’a finalement licenciée en janvier 2010.
En décembre 2011, elle avait déposé plainte pour harcèlement, bien décidée à travers cette procédure à montrer comment au sein de la multinationale, la « sécurité alimentaire » dont elle était en charge au niveau mondial passait souvent après les impératifs du business et était en bas de l’échelle des préoccupations. En contradiction totale avec les slogans affichés. Il aura fallu attendre plus de quatre ans pour que ce procès s’ouvre, dans un semi-huis clos, puisque Nestlé a obtenu que seuls les journalistes puissent y assister.
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