« Le personnel de l’Unité sanitaire est en grande souffrance. » Telle est l’une des observations majeures du Contrôle général des lieux de privation de liberté sur le Centre pénitentiaire de Réau (Yvelines)
Dans un document de 268 pages et 97 observations publié le 31 décembre 2014, et dont L’Express a pu prendre connaissance avant sa mise en ligne, le Contrôle général des lieux de privation de liberté (CGLPL) tire la sonnette d’alarme. Il alerte sur la souffrance au travail des personnels soignants qui interviennent auprès des 614 détenus de l’établissement.
« Aucune connaissance du milieu carcéral »
« Les raisons sont multiples, expose le rapport dans son observation n°78, notamment l’affectation de personnels n’ayant aucune connaissance du milieu carcéral, sans formation adaptée et un clivage de l’équipe qui n’a pas su trouver une cohésion de travail entre les soins psychiatriques et somatiques. » Le CGLPL recommande une stabilisation de l’équipe et un travail d’organisation des soins, et, pour cela, la nomination d’un praticien responsable de l’Unité, avec le soutien et l’accompagnement par l’équipe de direction de l’Hôpital.
Les maladies psy fréquentes en prison
Comme souvent en détention, les délais d’attente pour que les détenus puissent être pris en charge par un psy sont trop longs, il n’y a pas d’équipe d’addictologues et la prévention des maladies sexuellement transmissibles est insuffisante, affirme le CGLPL.
Les 13 contrôleurs du CGLPL, dont le Contrôleur général qui était alors Jean-Marie Delarue, ont réalisé leur inspection du 8 au 12 avril 2013. Le rapport a été transmis le 12 mars 2014 aux ministères de la Justice et de la Santé… et seul ce dernier a répondu, le 8 septembre 2014.
La réponse partielle de la Santé
Dans sa réponse, Marisol Touraine, la ministre des Affaires sociales, de la Santé et des Droits des Femmes, affirme que, depuis la visite du CGLPL, « la qualité de la prise en charge sanitaire des personnes détenues » s’est améliorée. Et la ministre de préciser: « L’équipe soignante a été reconstituée et un nouveau médecin coordinateur a été nommé; des formations sont organisées, notamment pour la prise en charge des patients présentant une pathologie psychiatrique. » C’est généralement dans ce domaine que les difficultés sont criantes, car la proportion de détenus atteints de pathologies psy est très importantes.
Mais la réponse de la ministre de la Santé demeure partielle. Rien n’est dit sur les addictions aux drogues, très répandues dans l’établissement selon les contrôleurs, et Marisol Tourraine n’évoque pas plus la souffrance du personnel de l’équipe et de son clivage, à moins de considérer que la reconstitution de l’équipe soignante et le changement du médecin coordinateur suffise à résoudre tous les problèmes.
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