Alors que le verdict du procès France Télécom est tombé, des syndicalistes, des juristes et des chercheurs lancent un appel. Et invitent à renforcer la législation en matière de prévention et de réparation de la souffrance au travail.
Dans l’attente du délibéré, rendu public aujourd’hui (voir « Encadré »), ils ont réfléchi. « Ils », ce sont des syndicalistes, des chercheurs, des juristes qui ont travaillé, de près ou de loin, sur le procès France-Télécom en aidant les avocats des parties civiles à le préparer. Ceux-là, à l’image de Patrick Ackermann, ancien responsable de SUD PTT, connaissent le dossier mieux que personne.
Les voilà qui lancent un appel afin que soient traduits dans la loi de nouveaux droits visant à mieux prévenir les pathologies psychosociales. A rendre illégales les pratiques de management qui génèrent de la souffrance. A fournir des armes juridiques aux institutions représentatives du personnel pour lutter contre des organisations du travail délétères. Selon eux, « le débat social sur la souffrance au travail – dont les suicides sont la manifestation extrême – dure depuis plus de 20 ans et dépasse largement France Télécom, peut-on lire dans le texte de l’appel dont Santé & Travail s’est procuré une copie. Il trouve son origine dans la financiarisation des entreprises et des services publics, qui a mis sous pression le travail en multipliant les contraintes de rythme, l’individualisation, les procédures tatillonnes, les objectifs chiffrés, le reporting permanent et les réorganisations incessantes. Niant le travail vivant, ce management a rétréci l’autonomie individuelle et collective. Il a intensifié le travail et l’a vidé de son sens en le réduisant à des indicateurs quantitatifs ».
Nouvelle définition du harcèlement
Aux côtés de Patrick Ackermann, on retrouve d’autres signataires comme le cégétiste Alain Alphon-Layre, le professeur de droit social Emmanuel Dockès, l’économiste Thomas Coutrot ou encore le professeur de médecine légale Michel Debout, réunis au sein de l’association « Ateliers travail et démocratie ». Dans l’appel, intitulé « Après France Télécom : de nouveaux droits démocratiques pour la santé au travail et l’environnement », les auteurs proposent d’abord une nouvelle définition juridique du harcèlement moral, tenant compte des connaissances scientifiques. Il s’agit de qualifier ce que sont les agissements répétés à l’égard d’un salarié : « La fixation d’objectifs excessifs ou irréalistes, la prescription d’un travail déqualifiant, les comportements méprisants ou humiliants, la mise à l’écart des collectifs de travail, l’obligation faite de mentir ou de violer l’éthique et la déontologie professionnelles, l’instauration d’un sentiment d’insécurité permanente », qui ont pour objet ou pour effet « une dégradation des conditions de travail susceptible de porter atteinte à ses droits et à sa dignité, d’altérer sa santé physique ou mentale ou de compromettre son avenir professionnel ».
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