« Le harcèlement sexuel à l’université n’est pas un phénomène marginal »

Harcèlement Sexuel

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Quelle est l’ampleur du phénomène ? Comment le repérer et le dénoncer quand on est étudiant(e) ? Entretien avec un des membres du collectif Clasches, à l’occasion de la parution d’un vade-mecum sur le sujet.

Comment reconnaître que l’on est victime de harcèlement sexuel, comment réagir, vers qui se tourner ? C’est pour répondre aux questions des étudiants que le Collectif de lutte antisexiste contre le harcèlement sexuel dans l’enseignement supérieur, le Clasches, intervient auprès d’établissements, d’associations et de syndicats étudiants.
Cette association féministe a participé à la rédaction d’un vade-mecum à destination des établissements, mis en ligne le 25 novembre, parallèlement à l’envoi d’une circulaire par le ministère de l’éducation, de l’enseignement supérieur et de la recherche. Camille*, membre du Clasches depuis deux ans, vous donne des clés pour comprendre, dénoncer et combattre le harcèlement sexuel.
Le harcèlement sexuel est-il très répandu dans l’enseignement supérieur ?
Il est très difficile d’avoir une idée de l’ampleur du phénomène, car nous n’avons pas de chiffres officiels. Le nombre de procédures pénales engagées n’est pas significatif, et comme elles sont longues et coûteuses, les victimes y ont rarement recours. Quant aux procédures disciplinaires au sein des établissements, elles ne sont pas centralisées au niveau national. Cette absence de statistiques contribue pour beaucoup à l’invisibilité du problème.
Un certain nombre d’indicateurs montrent cependant que le harcèlement sexuel n’est pas un phénomène marginal. Nous recevons beaucoup de témoignages de personnes harcelées à l’université, même si nous avons du mal à les quantifier, car nous ne suivons pas les dossiers d’un bout à l’autre. Il est frappant de voir que quand une victime parle, cela déclenche une réaction en chaîne : tout le monde se met à parler et donc tout le monde savait. Ces pratiques font partie de la vie courante à l’université et ne sont presque jamais dénoncées.
L’université Lille-III, parmi d’autres, a mis en place une cellule d’écoute et d’information sur le harcèlement sexuel, qui regroupe enseignants, personnels administratifs et étudiants, et qui commence à produire des chiffres. Le simple fait que ce genre de structures se crée est une preuve que le problème est bien réel et que les universités commencent à s’en saisir.
Le harcèlement prend-il des formes particulières dans l’enseignement supérieur ?
Cela se rapproche beaucoup du harcèlement sexuel au travail. Les harceleurs sont presque toujours des hommes, qu’ils soient enseignants, personnels administratifs ou étudiants. Le rapport hiérarchique n’est pas une circonstance nécessaire à l’établissement du harcèlement, c’est une circonstance aggravante.
Il y a tout de même une spécificité dans l’enseignement supérieur : les victimes étudiantes sont dans un contexte qui mêle monde professionnel et environnement scolaire. La relation entre un directeur de thèse et sa doctorante, par exemple, implique une grande dépendance, qui peut favoriser le harcèlement et en rendre plus difficile la dénonciation. Il est presque impossible pour une étudiante de changer de directeur de thèse, à moins de renoncer à ses financements. Toutes les relations de dépendance, comme lors des stages ou de l’internat en milieu hospitalier, sont propices au harcèlement sexuel. Il existe par ailleurs beaucoup de cas entre étudiants, dans le cadre de bizutages par exemple.

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Site web du Collectif de lutte antisexiste contre le harcèlement sexuel dans l’enseignement supérieur (Clasches)

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