Créé en 2013 au tribunal de commerce de Saintes, ce dispositif propose une aide psychologique aux patrons en difficulté présentant un risque suicidaire. En cours d’extension dans 40 tribunaux de commerce, Apesa a déjà aidé plus de 200 entrepreneurs.
Stéphane Fouché va mieux. Cet ancien agent immobilier a assaini ses finances, même s’il est encore au RSA, et a pu relancer une activité d’expert spécialisé dans l’accessibilité aux personnes à mobilité réduite. Pourtant, il n’y a pas si longtemps, il est passé très près de la catastrophe. «La Charente, je l’ai regardée», résume-t-il pudiquement.
Les ennuis ont commencé en 2012 quand ce quadragénaire, qui a repris l’entreprise créée par ses parents en 1973, a vu les ventes s’effondrer, créant un manque à gagner de 50 000 € dans son chiffre d’affaires. « J’ai d’abord essayé de réduire les coûts, les frais de déplacement, de réception… », raconte-t-il. Mais ça n’a pas suffi. « J’ai dû licencier ma secrétaire de direction, qui me connaissait depuis que j’étais ado. » Premier gros coup au moral.
Mais, mal conseillée, la société, qui prend un prêt pour payer les indemnités de licenciement, ne parvient pas à redresser les comptes. « J’avais l’impression de me battre contre des moulins à vent. Je passais ma vie au bureau. Je ne dormais plus, je ne mangeais plus. Quand vous recevez sans cesse des courriers avec accusé de réception, et qu’à la maison, vous sentez que le couple se délite, vous ne vivez plus. »
« L’Apesa m’a lancé une bouée »
En mars 2014, Stéphane Fouché se résout à déposer un dossier de redressement judiciaire au tribunal de commerce. Et s’écroule « littéralement » dans le bureau du greffe.« J’avais l’impression d’être en train de me noyer dans l’Antarctique. C’est à ce moment-là que l’Apesa m’a lancé une bouée. »
Ce dispositif inédit est né de la rencontre entre Marc Binnié, un greffier du tribunal de Saintes, et Jean-Luc Douillard, un psychologue spécialiste de la prévention du suicide. « Dans le quotidien des tribunaux, on voyait de plus en plus de chefs d’entreprise en grande souffrance, raconte Marc Binnié.
« Des suicides de chefs d’entreprise, ce n’est pas nouveau. Ce qui l’est, c’est que désormais la fonction de dirigeant devient un facteur de risque », ajoute Jean-Luc Douillard. Avec la crise en effet, se sont multipliées les situations délicates où l’entrepreneur en difficulté se retrouve en situation de perdre son identité d’entrepreneur mais aussi son gagne-pain, dans laquelle il a parfois investi tout ou partie du patrimoine familial, alors qu’il n’a pas droit aux allocations de chômage.
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